PARIS, 13 jan (AFP) - La plainte visant cinq anciens ministres déposée devant la Cour de justice de la République (CJR) par une femme atteinte d'un cancer de la thyroïde lié, selon elle, au passage du nuage de Tchernobyl en 1986, a été classée sans suite, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
La commission des requêtes a rendu le 23 octobre 2003, une décision de classement, non susceptible de recours, a-t-on indiqué de même source.
Cette décision est motivée par l'absence, dans le dossier qu'elle a soumis à la commission, de "lien de causalité scientifiquement démontré" entre le passage du nuage de Tchernobyl au-dessus de sa résidence et la maladie dont elle a été reconnue atteinte en 2000, a-t-on précisé de même source.
En conséquence, "aucune infraction pénale", n'est susceptible d'"être caractérisée à l'encontre des ministres visés", a-t-on indiqué.
Josiane Tourou, âgée de 51 ans, avait déposé cette plainte pour "administration de substances nuisibles", en février 2003.
Elle visait cinq anciens ministres en fonction en 1986: Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, Michèle Barzach, ministre déléguée à la Santé publique, Alain Carignon, ministre délégué à l'Environnement, Alain Madelin, ministre de l'Industrie et de la Recherche, et François Guillaume, ministre de l'Agriculture.
La plaignante leur reprochait de ne avoir suffisamment informé la population des risques entraînés par l'explosion du réacteur 4 de la centrale ukrainienne le 26 avril 1986.
La CJR est la seule juridiction habilitée à enquêter sur, et à juger des faits délictueux commis par un ministre, dans l'exercice de ses fonctions.
L'"affaire" du nuage de Tchernobyl fait par ailleurs toujours l'objet d'une enquête, confiée à la juge d'instruction spécialiste des affaires sanitaires Marie-Odile Bertella-Geffroy, depuis le mois de juillet 2001, saisie de plusieurs centaines de plaintes avec constitution de partie civile.
La juge devait recevoir mardi après-midi une représentante d'un collectif de victimes atteintes de cancer de la thyroïde afin de lui communiquer notamment l'état d'avancement du dossier.
Une vingtaine de victimes se sont rassemblées mardi après-midi aux abords du pôle financier et de santé du tribunal de grande instance, à Paris, à l'heure de ce rendez-vous, a constaté un journaliste de l'AFP.
La juge cherche notamment à déterminer si, au vu des mesures de radioactivité dont les autorités françaises disposaient à l'époque, celles-ci ont donné suffisamment de consignes de prudence à la population.