Le 15 mars 2000 - Intervention de lAEPN lors de la réunion publique à Beaumont-Hague dans le cadre de lenquête publique concernant lusine COGEMA de LA HAGUE et le centre de stockage de la Manche (CSM).
Monsieur le Commissaire Enquêteur, Mesdames et Messieurs,
Jinterviens ce soir en tant que représentant de lAssociation des Ecologistes Pour le Nucléaire (AEPN), dont je suis le Président. LAEPN est une association à but non lucratif, indépendante, dont lobjet est duvrer pour une information complète et honnête du public dans le domaine de lénergie et de lécologie, et en particulier en ce qui concerne lénergie nucléaire.
A ce titre, le principe même dune enquête publique qui permet aux citoyens à la fois de se renseigner, dêtre informé et de sexprimer en donnant son avis, me parait une excellente chose. Il est utile et important de débattre et de discuter de ces sujets qui conditionnent lavenir de notre planète.
Lénergie nucléaire existe et contribue massivement dans notre pays à limiter leffet de serre qui réchauffe latmosphère et a déjà modifié le climat à léchelle planétaire, au risque de submerger des régions côtières très peuplées, en particulier dans les grands deltas de nombre de pays pauvres.
A la différence de la plupart des autres sources dénergie, lénergie nucléaire ne rejette pas ses déchets dans la nature et dans latmosphère, mais elle les confine quasi totalement et les retraite, en particulier en France à La Hague.
Rappelons que lénergie nucléaire consomme très peu de matières premières et produit très peu de déchets, tout en fournissant une énergie abondante et compétitive aux populations. 1 g duranium ou de plutonium fournit autant dénergie que 1 T de pétrole.
Notre association considère donc la production nucléaire de lélectricité comme nécessaire et incontournable pour le présent comme pour lavenir, sans exclure pour autant les économies dénergies, qui sont indispensables, ni le développement, nécessaire lui aussi, des énergies renouvelables quil faut continuer de promouvoir, mais qui sont, malheureusement, des énergies trop douces pour permettre de répondre aux besoins en énergie actuels, même en réduisant notre consommation dun facteur 2 ou 4.
La France et la Suède qui fabriquent leur électricité à partir du nucléaire et de lhydraulique sont les pays développés les plus propres pour les rejets de CO2 et la pollution atmosphérique.
Si le nucléaire est incontournable, il se doit cependant dêtre propre et bien maîtrisé.
Le recyclage des matières nucléaires, uranium et plutonium, est une bonne politique qui contribue à la préservation des ressources de la planète pour les générations futures.
La Hague est une usine de retraitement et de recyclage, ce qui est, par définition même, une activité écologique. Le recyclage du plutonium sous forme de MOX a démontré sa faisabilité et la sûreté de ce combustible est maintenant validée et reconnue.
Le retraitement du combustible effectué à La Hague permet de récupérer 97% du combustible usé en vue de sa réutilisation ultérieure. Il ne reste alors que 3% de déchets ultimes, les produits de fission, ce qui divise tout de même par 30 la quantité de déchets à stocker. Le volume global des déchets finaux du retraitement est ainsi réduit considérablement, par rapport au conditionnement direct des combustibles usés non retraités.
Les résidus vitrifiés issus de ce retraitement peuvent ainsi être entreposés sur de longues durées en attendant de faire lobjet de choix sereins et concertés quant à leur destination finale.
Le site de La Hague met en uvre le retraitement de combustibles français et étrangers. Son exploitation a été, jusquà présent, satisfaisante, sans pour autant dire quelle ne présente aucun risque, mais ces risques sont maîtrisés et doivent continuer à lêtre dans lavenir.
Concernant les déchets ultimes, vitrifiés et autres, il est préoccupant que les clients étrangers ne soient pas plus actifs pour reprendre les déchets qui leur reviennent. Il faut souligner aussi lincohérence de certaines organisations anti-nucléaires qui se disent écologiques, qui sinsurgent contre lentreposage à La Hague, et qui par ailleurs manifestent contre le retour dans leur pays dorigine de ces mêmes déchets. Je précise à ce sujet que lAEPN est favorable comme il se doit, au retour de ces déchets dans les meilleurs délais, vers leur pays dorigine.
Nous considérons que lengagement de COGEMA à respecter un objectif " ZERO IMPACT SANITAIRE " est tout à fait positif. Les installations de Cogéma nont, de lavis unanime des experts les plus compétents, jamais eu dimpact sanitaire sur la population, ce qui a été confirmé encore récemment par les conclusions du Groupe Radio Écologique Nord Cotentin. De plus les rejets, très limités, ont considérablement diminué depuis plus de 20 ans, ce qui va dans le bon sens.
Nous souhaitons néanmoins des éclaircissements sur les points suivants :
1/ Les moyens que COGEMA compte mettre en uvre pour garantir cet objectif " ZERO IMPACT SANITAIRE " compte tenu des modifications de capacité de lusine et de son nouveau mode de fonctionnement utilisant en particulier des combustibles plus enrichis en U235 et/ou au " taux de burn-up " plus élevé ? (cette question rejoint certaines remarques formulées par ailleurs par Madame Sugier). Dans quel délai COGEMA prévoit-il datteindre cet objectif ?
2/ Nous souhaiterions une expression plus simple et plus compréhensible par le public des quantités de rejets, pour permettre à chacun de mieux comprendre les chiffres présentés et leur signification.
3/ Tous les combustibles actuellement entreposés à La Hague seront-ils retraités un jour ?
Nous attendons des réponses à ces questions.
En résumé, en tant quécologistes favorables au nucléaire propre et respectueux de lenvironnement, notre association est sensible aux efforts qui ont été faits par la COGEMA en matière de sûreté et pour limiter les rejets ces dernières années. Après avoir pris connaissance du dossier de lenquête public, nous réaffirmons notre appui au recyclage du combustible usé tel quil est effectué à La Hague. Notre association apporte donc un avis favorable aux demandes faisant lobjet des enquêtes publiques en cours, ceci dans un esprit de respect de lenvironnement, pour protéger autant que nous le pouvons la planète pour les générations futures, pour léguer à nos enfants et à nos petits enfants une planète propre, et nous voudrions rassurer la population quant au fonctionnement de cette usine tout en incitant la COGEMA à continuer à la faire fonctionner dans les meilleures conditions et sans impact sanitaire pour les habitants de cette très belle région du Cotentin.
Je vous remercie de votre attention et des réponses que vous voudrez bien apporter aux questions posées.
Bruno Comby (le 15 3 00 à Beaumont Hague)
Association des Ecologistes Pour le Nucléaire (AEPN)