Les hommes connaissent aujourdhui deux menaces simultanées :
- lépuisement des ressources de pétrole et de gaz naturel
- le changement climatique dû à laccroissement de leffet de serre
Au 20ème siècle sest développée dans les pays riches (20% de la population mondiale) une société qui consacre aux transports près du 1/3 de lénergie quelle consomme et quasiment la moitié du pétrole. Cest une société " automobilistique " dont rêvent les autres 80% de la population mondiale, celle des pays pauvres ou émergents.
Une mondialisation de cette société " routière " ne pourrait quaccélérer la transformation de ces deux menaces en réalités économiquement catastrophiques (disparition du pétrole) ou en cataclysme météorologique.
Il faut donc imaginer autre chose.
Lhydrogène
Théoriquement, cest-à-dire sur le plan de la physique théorique, lhydrogène pourrait se substituer aux carburants traditionnels que sont lessence, le gazole, le gaz, les GPL, le fuel. Il a lavantage dêtre inépuisable : extrait de leau il y retournerait -sans polluer latmosphère- sous forme deau après combinaison avec loxygène produit lors de sa fabrication.
Mais si lon y regarde de plus près, quittant la théorie pour saventurer dans la technologie, on découvre :
En résumé lhydrogène est au mieux un vecteur énergétique au coût décourageant, certainement pas une source dénergie. On ne voit pas bien aujourdhui comment il pourrait un jour remplacer les carburants que nous connaissons.
Alors : quoi dautre ?
Pour les personnes : les transports en commun
On pense ici, pour les longues distances, au chemin de fer et au bus ; dans les villes aux tramways, métros, trolley-bus, voiture individuelle électrique, vélo, marche, rollers, patins à roulettes. Voir en annexe un graphique qui compare les consommations en passager.km des divers moyens de transport des personnes.
Les trains, métro, tramways, trolley et voitures électriques sont alimentés avec une électricité qui sera propre si elle nest pas dorigine fossile : nucléaire ou énergies renouvelables.
Sur les longues distances le confort des passagers aux deux extrémités sera assuré par des liaisons urbaines soit individuelles (voitures électriques propriétés ou louées) soit par des transports en commun urbains. Le bus sera également une solution confortable, économique (songeons au pétrole à 50 voire 100$/baril) et presque écologique puisque, au passager x km il consomme 3 à 5 fois moins quune voiture particulière.
En ville : la voiture électrique (taxi ou personnelle) est promise à un bel avenir puisquelle évite la pollution urbaine et la pollution atmosphérique tout court à condition que lélectricité qui lui est fournie ne soit pas dorigine fossile. Les tramways ou trolleys en sites propres permettront à leurs usagers de se déplacer en ville plus vite quils ne le font aujourdhui avec leur voiture. Quant au vélo il ne sagit pas dun rêve impossible : cest une réalité bien vivante par exemple en Hollande alors pourquoi pas dans le pays du Tour de France ?
Bien sûr tout cela ne se fera pas dun claquement de doigt ; il sagit dun changement profond de comportement, quasiment dun changement de société : les quelques décennies de pétrole quil nous reste pourraient néanmoins y suffire à condition de ne pas tarder à lentreprendre. Quant au délai que nous accorde encore la menace de changement climatique nul ne le connaît.
Pour les transports terrestres de marchandises : ferroutage et fluvial
Le ferroutage présente les deux avantages de la sécurité et de lélectricité contre le léger handicap de délai de transport accru à cause des deux ruptures de charge : le bilan en est clairement positif ; en particulier sur le plan pollution atmosphérique à condition, à nouveau, que lélectricité ne soit pas dorigine fossile.
Le transport fluvial offre, face au handicap de la faible vitesse, les avantages de la sécurité et de léconomie considérable dénergie. Les allemands ne sy sont pas trompé qui ont construit et exploitent avec succès la liaison Rhin-Danube. Au contraire, les gouvernements français ont joué un bien vilain tour à lécologie en renonçant à la liaison Rhin-Rhône pour des raisons peu claires et dont on a du mal à imaginer quelles se situent dans les gesticulations de minorités mal inspirées dans leur prétendue défense de lenvironnement.
Pour les transports maritimes de marchandises
Ils pèsent peu dans la consommation mondiale de produits pétroliers. Mais lorsque le pétrole disparaîtra ou deviendra dun prix exorbitant il faudra bien trouver autre chose qui ne soit pas un retour au charbon. Dici quelques décennies on peut imaginer -rêver !- que les cargos, y compris les tankers pétroliers, fonctionneront avec des réacteurs nucléaires et que les marins dalors seront, dans leur discipline dexploitants, plus rigoureux que les fauteurs de marées noires daujourdhui. Les premiers sous-marins nucléaires ont commencé leur carrière il y a 50 ans : lexploitation de réacteurs marins en surface nest certainement pas plus problématique.
Pour les transports aériens
Durant la 2ème guerre mondiale lAllemagne, riche de chimistes talentueux, a su fabriquer son carburant aviation à partir du charbon. On sait et lon saura toujours fabriquer ce genre dhydrocarbures synthétiques ; mais le problème de gaz à effet de serre subsistera. On parle également dhydrogène : voir plus haut le problème de son coût et de son transport. Après tout, lorsque les transports terrestres se seront affranchis des énergies fossiles, on peut toujours espérer quil restera suffisamment de pétrole pour les avions et que les gaz associés ne dépasseront plus les capacités dabsorption de latmosphère.
En guise de conclusion
Dans les pays développés -et quels sont les pays émergents ou pauvres qui ne souhaitent pas devenir riches ?- les transports dévorent 1/3 de lénergie consommée. Ils sont le premier émetteur de gaz à effet de serre donc le premier pourvoyeur du risque de catastrophe ou de cataclysme climatique.
Il ne peut être question de supprimer les transports des hommes ou des marchandises, car les transports sont le support incontournable des échanges commerciaux, eux-mêmes indispensables au développement de richesses dont ont tant besoin plus de 4 milliards dindividus encore insuffisamment riches.
Lépuisement du pétrole et la propreté de latmosphère imposent aux hommes de se diriger dès maintenant vers des systèmes de transports différents et tournés au maximum vers lusage dune électricité fabriquée de façon non polluante.
Cest mondialement nécessaire, cest urgent et cest possible.
Jacques FROT
Ingénieur pétrolier
Animateur de GR.COM Groupe de COMmunication
de lAEPN Association des Ecologistes Pour le Nucléaire