Avenir des hydrocarbures : pétrole et gaz naturel
Une approche simple et réaliste
1. Réserves mondiales modestes et concentrées dans des pays instables politiquement
Pétrole et gaz naturel représentent aujourdhui, grosso modo, les 2/3 de la consommation mondiale dénergie.
Le pétrole à lui seul 40%.
Les réserves de pétrole prouvées se trouvent, pour les 2/3, en Arabie Saoudite, Irak, Iran et Kuweit. Au rythme actuel des productions et donc de lépuisement des réserves, vers 2020 ces 4 pays détiendront 80% des réserves de pétrole. A la même date lUE (Europe des 15) dépendra, pour son pétrole, à 90% de lextérieur.
Le risque géopolitique lié à la localisation des réserves de pétrole entraînera au pire des conflits armés, au mieux une envolée des prix du pétrole par le seul mécanisme de la loi de loffre et de la demande doù vulnérabilité économique des pays gros consommateurs et non ou sous producteurs.
Selon Pierre BAUQUIS (Ancien Président de lAFTP et Vice-Président de lInstitut Français de lEnergie) les ressources additionnelles spéculatives telles que off-shore profond, pétroles très lourds non conventionnels ne changeront pas la donne. Voir étude " Un point de vue sur les besoins et les approvisionnements en énergie à lhorizon 2050 "
Au rythme actuelle des consommations les réserves prouvées de pétrole représentent environ 40 années de consommation. Et encore moins étant donné le développement de la consommation des pays émergents.
La France na pas de pétrole. Elle est donc très vulnérable et le serait encore beaucoup plus si elle navait pas décidé dans les années 70 de remplacer son électricité " fuel " par du nucléaire.
Globalement lUE est dans une situation analogue : seules la Grande Bretagne et la Norvège produisent des quantités significatives de pétrole. Mais leurs réserves sépuiseront vite.
Quant au gaz la situation est similaire : en France le gaz naturel de Lacq sépuise. Les productions gazières de la Grande Bretagne et de la Hollande sont loin de correspondre aux besoins européens. Et comme les réserves mondiales (largement situées en Russie, 1er producteur mondial) sexpriment, comme celles du pétrole, en quelques décennies, les risques géopolitiques (conflits armés) et économiques (envolée des prix) se présentent comme ceux associés au pétrole.
2. Pollution atmosphérique : risques de changement climatique
Le pétrole est, à plus de 95% en poids composé de carbone ; le gaz naturel à 75% en poids. Le pétrole et le gaz consommés engendrent donc du CO2. Le CO2 engendre un phénomène daccroissement de leffet de serre lui-même générateur dune élévation de la température moyenne du globe. Le mécanisme en est parfaitement connu. Théoriquement il ne peut pas ne pas y avoir deffet sur le climat. Mais ces effets sont encore très mal connus quant à leur nature, leur dimension et leur géographie. On sait tout de même que chaque année la consommation de combustibles fossiles carbonés accroît la teneur de latmosphère en carbone C de 1% environ.
Le développement, enfin réalité, de nombre de pays (en particulier Chine et Inde qui, à eux deux représentent 40% de la population mondiale et dont chaque habitant consomme en moyenne, à ce jour, 4 fois moins dénergie que chaque français et 8 fois moins que chaque américain) va conduire le monde à multiplier par 2 ou 3, dici 50 ou 100 ans sa consommation dénergie qui passerait ainsi de 10 Gtep à 20 ou 30 Gtep . Si ce développement de consommation se faisait à limage du passé récent (ce qui ne sera pas possible à cause de lépuisement des hydrocarbures, voir ci-dessus) laccroissement de la teneur de latmosphère en carbone C se ferait au rythme annuel de 1, voire 1,5%. Dautant que les pays émergents, pauvres par définition, nourrissent largement leur développement avec du charbon -le plus polluant des combustible fossiles- auquel ils ont accès à bas prix grâce (ou à cause) des bas salaires offerts à leurs mineurs.
3. Minimisons nos consommations de gaz et de pétrole
Pour au moins ces deux raisons (il en est dautres, disons secondaires même si elles sont sérieuses) le monde mais surtout lEurope et plus encore la France -pays développé, gros consommateur dénergie et quasiment dépourvu de toutes ressources pétrolière et gazière- doivent saffranchir, autant que faire se peut du pétrole et du gaz naturel.
Comment ? Jy viendrai dans mes prochains messages.
Jacques FROT
Ingénieur pétrolier
Ancien Directeur dans le Groupe Pétrolier MOBIL OIL
Animateur de GR.COM Groupe de COMmunication
De lAEPN Association des Ecologistes Pour le Nucléaire