La lecture des ouvrages scientifiques montre que les incertitudes sur la réalité et sur l'amplitude du changement climatique sont grandes, les présomptions multiples, les risques redoutables (s'ils sont avérés) et les preuves inexistantes.
Quelques points sont tout de même bien établis et ne prêtent pas à contestation :
1. Chaque année, au rythme actuel (2004) de consommation des énergies fossiles, les hommes déposent dans leur biosphère quelque 7 Gt de carbone qui vont d'abord transiter par l'atmosphère sous forme, essentiellement, de 25 Gt/an de CO2.
2. L'équilibre thermique de notre planète exige que la quantité d'énergie qu'elle reçoit du soleil -dans les longueurs d'ondes du visible- soit restituée vers l'espace.
3. Cette restitution se fait à une température telle qu'elle se situe dans les infrarouges.
4. Les infrarouges sont freinés par le gaz carbonique. In fine la restitution intégrale de l'énergie reçue du soleil ne peut être obtenue que via un forçage radiatif. Seule une élévation de la température peut engendrer ce forçage radiatif.
En conclusion de ces quatre points incontestables, la température moyenne du globe terrestre ne peut, toutes choses égales par ailleurs, que croître. C'est une donnée qualitative.
Le débat subsiste sur le quantitatif : à quel rythme croît et croîtra la température ? Ce rythme est-il dangereux ? On ne sait pas vraiment. N'y a-t-il pas des phénomènes compensateurs ? Il n'est pas possible, malgré les outils de mesure de plus en plus sophistiqués utilisés, de trancher le débat alors que, à ce jour, l'élévation de température, si elle existe, se chiffre en dixièmes de degré soit en millièmes de la température absolue. Il est d'autant moins possible de trancher le débat que le phénomène n'est homogène ni dans l'espace ni dans le temps. Néanmoins l'augmentation de température observée est beaucoup plus marquée la nuit que le jour, ce qui est tout à fait cohérent avec un accroissement de l'effet de serre.
Aux quatre certitudes affichées ci-dessus s'en ajoute une autre, décisive : les Pays en Voie de Développement (PVD), soit les 3�4 de la population mondiale, entrent enfin dans le développement en consommant principalement du charbon. Ils accroissent ainsi leurs émissions de G.E.S beaucoup plus vite que les pays riches (OCDE) ne réduisent les leurs. Le mécanisme d'accroissement de l'effet de serre va donc s'aggraver.
Pour des raisons techniques, financières et sociétales la modification des comportements prendra inévitablement des dizaines d'années. Attendre pour voir si, en l'absence de preuves irréfutables, les craintes sont justifiées est extrêmement dangereux. Attendre que viennent enfin les preuves scientifiques n'est pas raisonnable. Les présomptions sont si fortes qu'il faut les accepter comme si elles avaient valeur de preuves.
Il est donc raisonnable d'admettre l'urgence et, sans plus attendre, de « faire comme si » c'est-à-dire d'uvrer en vue de la diminution des émissions de G.E.S.
Jacques FROT, fondateur du groupe de communication de l'AEPN