55 scientifiques ont traqué le Becquerel
Rapport rassurant pour le Nord-Cotentin
Il y a un an, à l'initiative du collectif des Mères en colère, dix équipes de scientifiques venues de dix pays d'Europe mesuraient la radioactivité dans le Nord-Cotentin. Les conclusions du rapport dévoilé mardi sont globalement rassurantes.
L'initiative des Mères en colère avait suscité un grand intérêt dans le Nord-Cotentin. Il s'agissait d'accueillir pendant une semaine 55 scientifiques de dix laboratoires indépendants européens afin de mesurer la radioactivité sur 22 sites côtiers et terrestres ainsi que dans les habitations et deux collèges. Les équipes étaient logées dans les familles, et mardi soir, ce sont elles qui ont eu la primeur des résultats de l'opération. Des conclusions globalement rassurantes puisque "les contributions d'origine naturelles sont prédominantes", déclare Christophe Murith, de l'Office fédéral de la santé publique suisse. Une première série de résultats avaient déjà été donnés à la fin de l'exercice, mais les scientifiques avaient emmené dans leurs valises des algues, des sédiments et de l'eau de mer qu'ils ont analysés plus finement dans leurs laboratoires. Même si les valeurs sont très basses, on mesure toujours la part résiduelle des essais nucléaires russes et américains des années soixante. Le césium 137 analysé dans les échantillons est typique de cette activité. En revanche, on peut dire que le Nord-Cotentin a été épargné par Tchernobyl", affirme le scientifique suisse. "Chez moi, les traces de la catastrophe sont de 300 becquerels par kilo, elles sont soixante fois moins importantes ici". En revanche, certaines traces d'éléments radioactifs viennent de l'industrie nucléaire locale. "Le Krypton 85, l'Iode 129 et le Curium 244 ne peuvent être dûs qu'à la Cogéma", note-t-il, confirmant en cela des analyses antérieures de l'Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest). Les mesures à l'intérieur des maisons et des collèges n'ont rien apporté de significatif. En clair, les gens de la région peuvent continuer à vivre normalement : profiter des plages et des bois, des fruits de mer et des champignons. "Cette cartographie de la radioactivité est une base sur laquelle nous nous appliquerons pour exercer notre devoir de vigilance", précise Nathalie Geismer, porte parole des Mères en colère. D'ici la fin de l'année, le rapport sera consultable sur Internet, et disponible en version papier.
Source : article Ouest-France, 22.11.01, page 8