La presse (1) a mentionné récemment que l'équipe du laboratoire de géophysique environnementale et glaciologie du CNRS de Grenoble avait effectué des mesures de Plomb 210 sur des échantillons de neige prélevés dans les Alpes et au sommet du Mont Blanc.
On a trouvé jusqu'à 8400 Becquerels par mètre cube de neige au Mont Blanc pour une moyenne de 210 Becquerels pour l'ensemble des Alpes.
Le Radon présent partout dans notre sol et dans l'atmosphère donne naissance non seulement au Pb210 (période 20 ans), mais aussi au Polonium 210 (période 138 jours) qui est assez rapidement à l'équilibre avec le Pb210 et présente donc la même activité (Bq). Ces descendants peuvent provenir du Radon exhalé par le sol qui laisse Pb210 et Po210 se déposer dans la neige de surface comme le pensent les auteurs ; mais il peuvent aussi provenir des retombées atmosphériques provenant des sols ou des voisinages plus ou moins lointains et soumises aux mécanismes de transfert atmoshérique locaux. On a pu estimer à environ 10 000 Bq par m2 les dépôts superficiels moyens pour l'ensemble de la planète (2).
On peut penser, comme l'auteur de cet article de presse, que les montagnards préleveurs, ainsi que toute personne consommant cette neige ou plutôt l'eau de fusion, ne sont pas exposés à une danger significatif. Mais il est tout de même intéressant d'évaluer les expositions dues à la consommation de cette eau pure de montagne. Lorsque la neige contient 8400 Bq/m3 de Pb210, l'eau de fusion doit contenir environ 10 000 Bq/m3 de Pb210 et autant de Po210.
On peut, pour calculer ces expositions, utiliser des données parues au J.O. des Communautés Européennes du 26 6 1996 et la méthodologie couramment utilisée pour évaluer l'impact d'une eau contaminée.
On obtient les résultats suivants :
Adultes Enfants de 12 à 17
ans Bébés
Si l'on compare ces expositions à celles provenant des installations nucléaires et tolérées pour les populations vivant autour de ces installations, à savoir 1 mSv/an et même souvent beaucoup moins (ne parle-t-on pas de 0,03 mSv/an), on doit en toute logique se poser la question suivante : cette neige étant très radioactive, la consommation de ces eaux de montagne, réputées si pures, ne présente-t-elle pas un danger important, notamment pour nos tous jeunes enfants?
Mais ne conviendrait-il pas plutôt de tenir compte de l'existence de ces radiations naturelles pour confirmer enfin que la sévérité préconisée actuellement en matière de prévention contre les effets des faibles doses de rayonnements ionisants (3) a largement dépassé le niveau Raisonnable pour atteindre le niveau Ridicule (ALARA) ?
Si nous persévérons dans la voie actuelle, nous risquons d'aboutir à la seule décision cohérente : il faut évacuer la planète !
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(1) "Radioactivité : le Mont Blanc est Plombé" - Nelly Torrent, Le Point, n°1438, 7 avril 2000.
(2) "Risque Radon : les effets du Polonium" - J. Pradel, P. Zettwood, D. Beutier, N. Delero, communication 20ème Congrès de l'ATSR, Paris, 15-17 décembre 1999.
(3) "L'intégrisme écologique n'atteint-il pas le comble du ridicule avec les très faibles doses et le rejet zéro?" - J. Pradel, RGN n°5, octobre/novembre 1998.