Concerne : la loi sur labandon du nucléaire
Mesdames, Messieurs,
Nous tenons à attirer votre attention sur lutilité et la nécessité de réviser au plus tôt la loi dabandon du nucléaire du 31 janvier 2003.
Une loi non fondée et néfaste
Nous avons à lépoque dénoncé combien cette loi était non fondée ; dénuée du moindre argument, et allant à lencontre des recommandations des deux commissions détudes appelées par le Gouvernement, non seulement elle entache limage que le public se forge du secteur nucléaire belge, mais encore elle ne peut entraîner que des effets néfastes, aussi bien économiques que sociaux ; même sur le plan écologique elle nest nullement une avancée, mais un recul.
Avantages du nucléaire
Les avantages de lexploitation des centrales nucléaires belges et de la gestion sûre des déchets ont été exposés en détail, soit dans le rapport de la Commission AMPERE, soit encore dans des plaquettes éditées récemment par plusieurs organismes. Diverses interventions en ont souligné des aspects importants. Ces avantages sinscrivent tout à fait dans le cadre dune recherche dun développement durable, comme la encore montré une conférence organisée à Bruxelles en avril 2003.
Révision de la loi : comment ?
La révision de cette loi pourrait être orientée, compte tenu du bilan tout à fait positif de la gestion du nucléaire en Belgique, vers un engagement dassurer de manière stable le contrôle de la sûreté des centrales et du cycle de combustible, et particulièrement la gestion des déchets nucléaires. Dans cette optique, une réorientation des termes de la loi permettrait à lEtat Belge de réaffirmer les missions des organismes en charge de la gestion des déchets, du contrôle des installations nucléaires, et de la recherche. Soutenir ces organismes, qui assurent très bien leurs fonctions, revient à maintenir le haut niveau de sûreté actuel.
En tout cas, la clause de force majeure de lArticle 9 serait à convertir aussitôt en une clause de nécessité, mieux appropriée. Ainsi le Gouvernement pourrait ajuster sa position en vue dassurer la sécurité dapprovisionnement énergétique du pays à un prix acceptable. Rappelons que la loi na pas envisagé comment seraient remplacées les centrales nucléaires, qui couvrent 60% de la production délectricité du pays ; comme le coût du kilowatt-heure nucléaire est le meilleur marché, tout retrait du nucléaire aurait un impact négatif sur la compétitivité des entreprises belges, et par contrecoup, sur le niveau général de lemploi en Belgique.
Révision de la loi : quand ?
Toute décision de construire ou darrêter une centrale nucléaire nécessite un long délai, de plus de 6 ans. Cest sous cette législature quil importe de réorienter la loi, si le Gouvernement veut remplir lengagement dappliquer le protocole de Kyoto sur la réduction de lémission de gaz à effet de serre. Lajout dun article traitant du respect de cet engagement serait dailleurs utile.
Exemples à létranger
En décembre 1991, une loi selon cette orientation positive avait été votée en France, centrée sur la gestion des déchets, pour une période de 15 ans, soit jusquen 2006. Elle a eu et continue à avoir des effets positifs sur la recherche dans le domaine.
En Suède voici plus de 10 ans, une loi avait été votée dans le but de renoncer au nucléaire ; il est question dabroger cette loi, faute dénergie de remplacement ; par ailleurs des investissements importants ont été consentis afin de préparer le stockage des déchets et lenfouissement des plus radioactifs dentreux en couches géologiques stables.
En Finlande, grâce à la conviction de tous que les déchets nucléaires sont bien gérés, la décision de construire une nouvelle centrale a été prise.
Cas de la Belgique
Contrairement à ce qua fait croire le Secrétaire dEtat à lEnergie Deleuze, la Belgique aussi est très active dans le domaine du traitement des déchets nucléaires et de la préparation de leur stockage. La révision de la loi devrait permettre à notre pays de sinscrire clairement dans le cadre de la directive de la Commission Européenne concernant le choix des sites de dépôts de déchets et leur mise en service.
Par ailleurs, le discrédit jeté sur le secteur nucléaire belge (très performant) serait effacé ; une fois la confiance retrouvée, le secteur pourrait à nouveau attirer de jeunes ingénieurs : sécurité demploi et sûreté des centrales vont de pair.
Débat
Par ailleurs, il est tout à fait normal que cette réorientation fasse lobjet dun débat devant les Chambres. Un tel débat sur lénergie nucléaire sest tenu en Finlande, avant darriver à une décision positive. Un débat national a été organisé en France en 2003 et le public a pu y participer. Enfin, une votation a eu lieu en Suisse le 18 mai 2003 et a donné des résultats positifs pour le nucléaire.
Nous vous remercions de votre attention.
Collectif ENERGIE
Pour le Collectif : S. Pilate