AEPN -
INFOS Lettre
d'information de l'association des écologistes pour
le nucléaire Lundi 9 août
2004
Au sommaire de ce numéro :
Article sur le réchauffement climatique dans la Libre Belgique
Emission de radio sur RMC le 10 août 2004 à propos de la radioactivité naturelle sur la plage de l'Espiguette
Madame, Monsieur, chers amis,
RMC nous invite à nous exprimer sur les ondes le mardi 10 août 2004 (demain matin) à propos de la radioactivité naturelle sur la plage de l'Espiguette en Camargue.
Historique des événements : la Crii-rad avait lancé en mars/avril 2000 une polémique à propos de la radioactivité plus élevée que l'on rencontre sur cette plage. Certains avaient alors voulu nous faire croire que cette radioactivité serait d'origine artificielle et que la plage serait (selon eux) si dangereuse qu'il aurait fallu (selon eux) l'interdire au public.
La polémique avait ensuite rebondi à de nombreuses reprises sur différentes chaines de télévision. Afin d'en avoir le coeur net, nous nous étions nous-mêmes rendus sur cette plage l'année dernière (en juillet 2003) pour y faire des relevés de radioactivité et y prélever des échantillons de sable, que nous avons fait analyser depuis par deux laboratoires différents.
Il en était ressorti clairement :
1/ résultats des mesures de radioactivité : la radioactivité sur la plage de l'Espiguette est en effet plus élevée qu'ailleurs (d'un facteur 10 environ au point le plus "chaud" par rapport à la radioactivité ambiante dans d'autres régions, avec des mesures culminant à environ un microsievert par heure) mais beaucoup moins cependant que sur d'autres plages qui ne sont pas dangereuses ou même réputées pour leurs bienfaits pour la santé (cf Guarapari).
2/ résultats des analyses des échantillons prélevés : la radioactivité qui se trouve sur cette plage est d'origine tout à fait naturelle : elle provient de petits cristaux de monazite, un minéral naturellement riche en uranium et en thorium, amené là par les alluvions du Rhône. Il faut savoir que le Rhône achemine ainsi jusqu'à son embouchure (où se trouve la plage de l'Espiguette) environ 70 tonnes par an d'uranium naturel et ce depuis la nuit des temps (bien avant l'installation du centre de Marcoule dans la vallée du Rhône à la fin des années 1950).
3/ que les niveaux de radiaoctivité relevés au point de la plage le plus radioactif sont certes plus élevés qu'ailleurs d'un facteur 10 environ, mais sont cependant tout à fait inoffensifs et ne présentent aucun danger pour la santé. Même une fréquentation régulière de cette plage (qui n'est pas habitée et seulement fréquentée l'été par des touristes et baigneurs dans la journée) ne présente aucun danger pour la santé. Une journée sur cette plage au point le plus radioactif (zone d'environ une centaine de mètres de long sur quelques dizaines de mètres de large) conduit à recevoir une dose un peu plus élevée en une journée à la plage, comparable à celle que l'on recevrait par exemple en altitude lors d'un vol transatlantique (c'est-à-dire une dose certes un peu plus élevée mais tout à fait inoffensive, encore 10 000 fois en dessous du seuil à partir duquel la radioactivité devient dangereuse : 100 mSv reçus en un temps relativement court). A titre de comparaison, la radioactivité maximale que nous avons relevée sur la plage de l'Espiguette était 50 fois moindre que celle que j'avais mesurée quelques années auparavant sur la plage de la ville de Guarapari au Brésil (où l'on retrouve aussi de la monazite naturelle dans le sable noir de la plage, et où 80 000 habitants vivent en excellente santé aux abords immédiats de la plage, alors que personne n'habite sur la plage de l'Espiguette qui est de l'ordre de 50 fois moins radioactive).
4/ la Crii-rad n'avait en outre rien inventé et rien découvert puisqu'une présentation d'André Rivière (géologue) devant l'Académie des Sciences, mentionnait déjà cette radioactivité naturelle élevée de la plage de l'Espiguette dès... 1955 (c'est-à-dire avant la mise en route de Marcoule et des centrales et usines nucléaires de la vallée du Rhône).
Il s'agissait donc d'un fausse polémique, en réalité sans fondement, et d'un scoop-bidon. En bref : beaucoup de bruit pour pas grand chose...
Notre étude sur la radioactivité naturelle avait fait l'objet il y a un an (en août 2003) d'un document publié sur notre site internet : http://www.ecolo.org/archives/archives-nuc-fr/2003-09-11-plage-espiguette.htm
Des journalistes de RMC enquêtant sur l'Espiguette ont apprécié la qualité et la précision de notre étude et nous invitent donc à nous exprimer sur les ondes à ce sujet, dans le cadre d'une interview demain matin aux informations.
L'émission sera enregistrée et diffusée en direct le mardi 9 août 2004 (demain matin) à 6h50 dans le cadre de l'émission "Bourdin and co" animée par la journaliste Stéphanie Collier.
Désolé de vous prévenir ainsi en dernière minute la veille au soir, mais j'ai moi-même été prévenu tardivement et ai eu connaissance de cette émission seulement tout à l'heure.
Ce sera notre huitième émission sur RMC et 239 ème émission de radio.
L'AEPN et son site internet seront cités.
Merci à RMC de contribuer ainsi à informer le public sur la radioactivité naturelle.
Pour mieux comprendre la radioactivité naturelle, plusieurs documents peuvent être consultés ou téléchargés dans la section "documents" à la rubrique "radioactivité naturelle" sur le site internet de l'AEPN : http://www.ecolo.org/documents/listdoc-fr.htm
Détail de l'étude sur la
radioactivité naturelle de la plage de l'Espiguette :
http://www.ecolo.org/archives/archives-nuc-fr/2003-09-11-plage-espiguette.htm
Reportage photo sur l'étude faite par
l'AEPN de la radioactivité sur la plage de l'Espiguette :
http://www.ecolo.org/photos/visite/espig_03-web/index.htm
Vous souhaitant une excellente journée et une bonne écoute de cette émission (pour ceux qui liront ce message ce soir et qui auront le courage de se lever assez tôt demain matin !).
Bruno Comby,
Président de l'AEPN
Réchauffement climatique: les contempteurs de James Lovelock ne proposent pas d'alternative crédible au redéploiement de l'énergie nucléaire
Article paru dans le journal la "Libre Belgique"
par JEAN-LUC LÉONARD, Journaliste scientifique
Sous le titre «Lovelock, irréalisme et reniement», les quotidiens «Le Monde» et «La Libre Belgique» ont publié une lettre ouverte signée par deux ingénieurs français, Benjamin Dessus et Gustave Massiah, et un professeur de l'UCL, Jean-Pascal van Ypersele. Ils y attaquent la position récemment exprimée par le professeur James Lovelock (1), qui se prononce en faveur d'un recours résolu à l'énergie nucléaire pour sauver la planète du réchauffement climatique. Les auteurs de la lettre présentent la position du Pr Lovelock comme «un plaidoyer irréaliste et naïf (et) un retournement inexplicable».
Il n'y a pourtant rien, dans la position de James Lovelock, qui ressemble à un retournement, encore moins à un reniement. Ce scientifique indépendant n'a jamais été hostile à l'énergie nucléaire, même si certains écologistes ou prétendus tels l'ignorent. Il s'était d'ailleurs exprimé très clairement en 2001, dans la préface d'un livre intitulé «Le nucléaire, avenir de l'écologie», écrit par le polytechnicien français Bruno Comby (2). James Lovelock y développait une vision inquiétante du réchauffement climatique dû à l'amplification de l'effet de serre et concluait par ces mots: «J'espère qu'il n'est pas trop tard pour que le monde suive la France, et fasse de l'énergie nucléaire notre principale source d'énergie. Il n'y a pas d'autre solution viable, propre, écologique et économiquement acceptable, à la dangereuse habitude que nous avons prise qui consiste à brûler des combustibles fossiles.»
S'il y a quelque part retournement ou reniement, c'est dans le chef de ceux qui approuvent le diagnostic de la maladie planétaire établi par James Lovelock mais dénoncent le remède qu'il préconise, en le qualifiant de «naïf et irréaliste». Cela sans proposer eux-mêmes d'alternative crédible, en dehors de la sempiternelle incantation sur le pseudo-gisement des économies d'énergie. En réalité, pour les signataires de la lettre, toute occasion est bonne à saisir pour discréditer l'électricité nucléaire. Ils échafaudent ainsi un raisonnement chiffré d'où il ressort que, pour assurer en 2050 par l'électricité nucléaire 70pc de la consommation finale d'énergie du monde entier (qui sera alors, soulignent-ils avec raison, le double de ce qu'elle est aujourd'hui), il faudrait construire chaque année 400 centrales nucléaires, soit plus d'une par jour. Hypothèse évidemment surréaliste.
Par contre, en voyant les choses par l'autre bout de la lorgnette, on conçoit fort bien qu'un pays développé comme la Belgique puisse réaliser cette performance dans le délai imparti. Cela implique de réduire autant et aussi vite que possible l'utilisation des combustibles fossiles - pétrole, charbon et gaz naturel - au profit des sources renouvelables et nucléaires, les seules innocentes en termes de CO 2 et d'autres gaz à effet de serre.
Si l'on estime, avec le Bureau fédéral du plan (3), que les sources renouvelables ne couvriront que 3,7pc des besoins en énergie primaire de la Belgique à l'horizon 2030, on est bien forcé de conclure que la réponse au défi de l'effet de serre passe inévitablement par une recours soutenu à l'électricité nucléaire. En Belgique, le préalable juridique à ce redéploiement serait naturellement l'abrogation de la ruineuse loi sur l'abandon du nucléaire, votée à la sauvette, sans débat parlementaire. Une fois cette erreur réparée, le rééquipement électronucléaire de notre pays pourrait être entrepris. A quel rythme?
Le nucléaire assure actuellement quelque 12pc de la demande finale en Belgique. Pour porter cette part à 70pc, il faut sextupler la capacité électronucléaire du pays, en la portant de 5500 à 33000 MWe, par l'adjonction au parc nucléaire actuel d'une vingtaine de réacteurs semblables à ceux de la nouvelle centrale française de Chooz (1400 MWe). En tenant compte de 4 tranches supplémentaires pour remplacer celles qui fonctionnent actuellement et à consommation inchangée, on pourrait atteindre l'objectif des 70pc d'énergie nucléaire en 2050, en construisant un nouveau réacteur tous les 20 mois à partir de 2010.
Pour un petit pays développé, cette perspective n'a rien d'irréaliste. Elle est financièrement et techniquement possible. Et elle est souhaitable d'un point de vue éthique.
En effet, un recours significativement accru des pays développés à l'énergie nucléaire permettrait une détente des prix des sources fossiles (par ailleurs surchauffés par des évolutions géopolitiques lourdes de menaces), au bénéfice des pays en développement. A plus long terme, toutefois, ceux-ci seront fatalement amenés eux aussi - ne fût-ce qu'à cause de l'épuisement prévisible des gisements de pétrole et de gaz - à développer l'énergie nucléaire.
Les ressources en uranium y suffiront amplement si l'on exploite la filière Mox, qui permet de recycler le plutonium (notamment celui qui est issu du désarmement) et si l'on ranime l'option des surgénérateurs, imprudemment abandonnée en France. Après 2050, les humains pourront de toute façon commencer à compter sur la production commerciale des réacteurs à fusion de l'hydrogène, qui fourniront à l'humanité une énergie propre et virtuellement inépuisable.Mais pour que cette logique s'impose, il faudrait que de faux amis de la terre, qui se comportent en réalité comme les alliés objectifs des lobbies du pétrole et du charbon, cessent de diaboliser l'électricité nucléaire, seule source énergétique majeure qui soit compatible avec un développement vraiment durable.
(1) James Lovelock, aujourd'hui âgé de 84 ans, est un éminent scientifique, membre de la Royal Society, l'Académie des sciences du Royaume-Uni, et docteur honoris causa d'une dizaine d'universités.
(2) Bruno Comby est président et fondateur de l'Association des écologistes pour le nucléaire (AEPN).
(3) Le Bureau fédéral du plan a présenté le 7 avril 2004 une étude intitulée «Perspectives énergétiques pour la Belgique à l'horizon 2030».
© D.R. La Libre Belgique 2004
James Lovelock est membre de l'AEPN et fait un excellent travail d'information du public. Nous vous recommandons la visite du site internet officiel de James Lovelock : http://www.ecolo.org/lovelock/ - Voir aussi à ce sujet les articles suivants :
- dans "Le Monde" (en couverture) : http://www.ecolo.org/media/articles/articles.in.french/lovelock-LeMonde-01-06-04.jpg
- dans "The Independent" (en couverture) : http://www.ecolo.org/media/articles/articles.in.english/love-indep-24-05-04.htm
- dans "La Libre Belgique" : Pour nous sauver d'une catastrophe écologique
Pour nous joindre veuillez désormais utiliser les adresses suivantes, vos messages sont ainsi adressés directement aux responsables concernés :
Contact en langue française : nuc-frAecolo.org (Association des Ecologistes Pour le Nucléaire)(antispam : remplacer A par @ dans cet e-mail)
Contact en langue anglaise : nuc-enAecolo.org (Environmentalists For Nuclear Energy)(antispam : remplacer A par @ dans cet e-mail)
Contact pour l'Amérique du Nord : nuc-usAecolo.org (Environmentalists For Nuclear Energy)(antispam : remplacer A par @ dans cet e-mail)
Contact pour le Japon : nuc-jpAecolo.org (antispam : remplacer A par @ dans cet e-mail)
Pour joindre Bruno Comby (Président de l'AEPN) : Nouvelle adresse : brunoAecolo.org (antispam : remplacer A par @ dans cet e-mail).
Pour joindre Berol Robinson (Président d'EFN-USA : berolAecolo.org (antispam : remplacer A par @ dans cet e-mail) Berol préside l'American association of Environmentalists For Nuclear - EFN-USA http://www.ecolo.org/base/baseus.htm ; cette association créée aux Etats-Unis en collaboration avec l'AEPN fait en Amérique du Nord le même travail que l'AEPN en Europe. EFN-USA vient d'être agréée par les autorités administratives américaines pour pouvoir, comme l'AEPN en France, bénéficier des déductions fiscales relatives aux dons effectués à des oeuves d'intérêt général.
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