Le nucléaire écologique

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Annonce en " une ", article page 6

Le jeudi 23 janvier 2003

Par Francis Sorin

L’énergie nucléaire serait-elle comme ces fameux trains dont on ne parle que lorsqu’ils sont en retard et dont on se désintéresse quand ils arrivent à l’heure ?…On peut retenir la comparaison. Car s’il est vrai que la presse se fait volontiers l’écho des moindres incidents survenant dans les centrales nucléaires, elle reste en revanche bien discrète sur les avantages qui découlent de l’utilisation maîtrisée de cette source d’énergie.

Il n’est dès lors pas étonnant qu’une majorité de Français continue d’ignorer – comme l’attestent les sondages – ce qui constitue l’atout écologique majeur des centrales nucléaires : elles ne rejettent dans l’atmosphère aucun gaz à effet de serre, et cela contrairement aux centrales à combustibles fossiles ( charbon, pétrole, gaz ) qui sont, avec les véhicules automobiles, les principales sources de ce type de pollution.

Les gaz à effet de serre, et notamment le gaz carbonique ( CO2 ) constituent une menace pour l’équilibre de la planète car leur concentration excessive dans l’atmosphère risque d’entraîner un réchauffement climatique aux graves conséquences. Tout commande donc de limiter leurs émissions, comme l’a décidé la communauté internationale par le protocole de Kyoto ( 1997 ) .

De ce point de vue, la France montre l’exemple puisque son important parc nucléaire permet d’éviter chaque année le rejet à l’atmosphère d’environ 400 millions de tonnes de CO2. Une performance qui la place au premier rang des pays industrialisés les moins pollueurs.

Mais sur le plan mondial, où le courant électrique reste majoritairement produit par des combustibles fossiles, la situation est préoccupante. Et cela d’autant plus que pour satisfaire les besoins induits par l’accroissement de la population, il va falloir produire, dans les décennies à venir, des quantités de plus en plus énormes d’électricité. Comment y parvenir sans aggraver l’effet de serre ? La réponse est évidente : en limitant impérativement le recours aux combustibles fossiles et en développant les sources électrogènes non émettrices de CO2. Du fait d’un potentiel global limité, l’appoint des énergies renouvelables, appelées à la rescousse dans cette perspective, ne sera pas à la hauteur de l’enjeu. Dès lors, l’énergie nucléaire, qui fournit aujourd’hui 17% du courant dans le monde, apparaît comme une clé déterminante de l’incontournable équation. Grâce à sa capacité de produire des quantités massives d’électricité sans ajouter à l’effet de serre, elle peut contribuer à boucler le bilan électrique mondial en respectant les exigences du développement durable. On conviendra que cette potentialité mérite d’être connue et considérée.