Lettre adressée aux Dernières Nouvelles d'Alsace,

le 16 avril 2003.

 

Monsieur le Rédacteur en chef,

Vous avez publié dans votre numéro du 9 avril 2003 un article de Monsieur Jacques Heitz intitulé :"Le nucléaire et l'insoluble problème des déchets".

Faut-il donc pour justifier la "sortie du nucléaire" avoir recours à des arguments aussi contraires à la réalité ?

A la différence de beaucoup d'autres, l'industrie nucléaire prend soin de ne pas disperser ses déchets et de les confiner de façon rigoureuse. Les déchets à vie courte sont d'ores et déjà stockés dans des conditions qui en garantissent l'innocuité (en France sur le site de Soulaines, dans l'Aube).

Pour les déchets à haute activité et à vie longue, un procédé de vitrification et de stockage dans des couches géologiques profondes a été mis au point et largement testé ; ce procédé, correctement mis en oeuvre dans des terrains convenablement choisis, garantit un confinement total pendant des dizaines de milliers d'années ; au delà, dans le pire des cas, la sortie des produits radioactifs (de ceux qui subsistent à l'époque) est limitée à des quantités infinitésimales, ne pouvant avoir aucun impact nocif ni sur le vivant ni sur l'environnement. Les déchets à vie longue sont ainsi mis définitivement hors d'état de nuire sans que les générations futures aient à intervenir.

De tels stockages sont en cours d'établissement dans certains pays (Etats-Unis, Suède notamment).

En France, la loi Bataille, votée en décembre 1991, a défini le processus démocratique qui nous conduira à mettre en oeuvre ce procédé, après une phase d'études complémentaires qui doit s'achever en 2006. Il est donc tout à fait inexact de présenter cette phase de réflexion et de concertation comme une impasse.

Faute de pouvoir entrer ici dans des détails techniques, j'invite vos lecteurs ( et Monsieur Heitz, s'il souhaite être mieux informé) à se reporter à un article que vient de publier la Revue Générale Nucléaire dans son numéro de janvier-février 2003.

Le nucléaire, tel que nous le pratiquons depuis plus de vingt ans, a démontré qu'il était une forme de production d'électricité sûre et écologique. Face à la croissance des besoins énergétiques mondiaux et aux périls du changement climatique, le nucléaire est nécessaire. Et bien sûr, il faudra continuer à être vigilant pour assurer la maîtrise des risques que, ni plus ni moins que d'autres technologies, il comporte. Faut-il pour autant laisser les "marchands de peur" instiller dans les esprits des craintes injustifiées fondées sur des informations volontairement biaisées ?

Je vous serais obligé, Monsieur le Rédacteur en chef, de bien vouloir porter cette mise au point la connaissance de vos lecteurs.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, l'assurance de mes sentiments distingués.

R. Carle