Fax du 9/3/97 au COURRIER DES LECTEURS du FIGARO

(Non publié par le journal)

Objet : article du Figaro du 8 mars 2001 intitulé :

CHAMPIGNONS "ATOMIQUES" VOSGIENS ET CESIUM RADIOACTIF

Monsieur le Rédacteur en Chef,

Je lis page 9 du FIGARO du 8 Mars, à propos de l'écologie du Césium radioactif, " que ces mécanismes ne sont pas encore parfaitement compris ", " mériteraient davantage d'études " et " qu'avant Tchernobyl on ignorait tout cela ".

Aucun élément n'a jamais, même de très loin, fait l'objet d'autant de recherches que le Césium radioactif. De 1960 à 1986, suite aux tests nucléaires atmosphériques, plus de 10 000 publications sur le seul Césium 137 étaient déjà parues dans la littérature scientifique mondiale.

La CEE, pour sa seule part, finance depuis les années 60 une série de programmes quinquennaux de recherche en radioprotection (par exemple, pour 1987-92, à hauteur de 65 millions d'écus, doublés par des contributions nationales équivalentes) dont une importante fraction revient, directement ou indirectement, au métabolisme et à l'écologie du Césium. Des programmes identiques sont financés aux USA, Japon, Canada, ex-URSS, et par l'AlEA, l'OMS, l'OCDE.

En 1986, Tchernobyl ranime l'intérêt pour le Césium et, en URSS comme dans le monde entier, des centaines de chercheurs sacrifient à nouveau des dizaines de milliers de lapins, rats, grenouilles (et millions de dollars) pour confirmer ce qu'on connaissait déjà depuis 25 ans. Rares sont les espèces et les milieux qui échappent à ces études. Une vague de publications et de thèses reparaît alors sur le Césium 137 (plus facile à mesurer que le Strontium 90). De même au plan agronomique et géologique, les "tâches de léopard" sont connues depuis 1960. Pour Tchernobyl, leur carte détaillée a été achevée dès 1990, là où cela se justifiait, c'est-à-dire dans un rayon de 500 km autour de la centrale, travail énorme qui n'a jamais été fait nulle part pour aucune autre pollution. La somme totale dédiée dans le monde en 40 ans à ces recherches peut être estimée de l'ordre de 500 millions de dollars.

Le Césium 137 aura au moins assuré l'emploi et la carrière de centaines de chercheurs et de leur personnel... Mais, en période de crise économique, on peut s'interroger sur l'intérêt de financer des recherches et des publications aussi coûteuses , puisque même les spécialistes paraissent en ignorer les résultats et l'acquis.

Je vous prie, Monsieur le Rédacteur en Chef, d'agréer l'expression de mes sentiments très distingués.

Monsieur P