Subject: JP Pernault, Tchernobyl et Paris-Match
Date: Sat, 2 Feb 2002
From : [email protected]
To: Dominique BAUDIS, Président du CSA
Monsieur le Président,
Vous ayant communiqué copie de ma lettre du 24 janvier à JP Pernault je vous
transmets ci-joint copie de sa réponse du 29 janvier ainsi que la seconde
lettre que je lui adresse en retour.
Le sujet me semble en effet trop sérieux pour que l'on tolère, en la
circonstance, que soit ainsi malmenée, dans un grand hebdomadaire, par un
présentateur de TF1, la déontologie de l'information.
Je vous prie, Monsieur le Président, d'agréer l'expression de ma très haute considération.
Jacques FROT
Membre de la SFEN
Membre du Comité Scientifique de l'AEPN
Ex-directeur au sein du Groupe Mobil Oil
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Paris le 02 février 2002
Jacques FROT
A l'attention de :
Monsieur Jean-Pierre PERNAULT
Présentateur TF1
1, Quai du Point du Jour
92100 BOULOGNE-BILLANCOURT
Objet : Tchernobyl " Le Jour où "
Monsieur,
Je vous remercie de votre courrier du 29 janvier par lequel vous répondez à ma lettre du 24.
La relation que vous faites dans Paris-Match du 17 janvier 2002 eût peut-être, moyennant un généreux esprit de tolérance, été acceptable en 1990, juste après votre visite à Tchernobyl : en effet l'ignorance, à cette époque, était encore grande sur les conséquences possibles des irradiations liées à l'explosion.
Douze ans plus tard, en 2002, vous imposez aux lecteurs le même discours inquiétant, alors que, depuis, les experts du monde entier, en particulier ceux de l'UNSCEAR (21 pays), ont étudié la question des conséquences sanitaires de Tchernobyl et produit en mai 2000 un rapport qui n'est pas contesté et dont je vous extrais, à nouveau, le § 398 :
" En dehors de l'accroissement important du cancer de la thyroïde chez les jeunes contaminés, il n'y a pas d'évidence d'un impact majeur sur la santé publique lié aux radiations ionisantes, 14 ans après l'accident Le risque de leucémie . ne paraît pas accru même chez les liquidateurs , ni chez les enfants. Il n'y a aucune preuve scientifique d'autres désordres non malins, somatiques ou mentaux liés aux rayons ionisants. "
En substance l'IPSN (Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire) ne dit rien d'autre.
Vous aviez donc matière à donner aux lecteurs une information actuelle, objective, vraie et, en la circonstance, rassurante. Il est dommage que vous n'ayez pas saisi cette occasion de commencer à combler l'abîme &endash;creusé au fil des ans par certains médias- qui sépare la réalité des conséquences radiatives de Tchernobyl de la façon dont l'opinion les perçoit. L'essentiel des dommages sanitaires qui ont suivi Tchernobyl sont dus au système soviétique : ils étaient évitables, on le sait maintenant ; cela est rassurant. Mais, bien sûr, la sérénité est plus difficile à vendre que la peur.
Vous avez, au contraire, choisi le sensationnalisme trompeur, malmenant ainsi la déontologie de l'information.
Il ne tient qu'à vous de " rectifier le tir ". Ce serait tout à fait à votre honneur.
Avec mes meilleurs sentiments.
Jacques FROT
Membre de la SFEN
Membre du Comité Scientifique de l'AEPN
Ancien Directeur au sein du Groupe Mobil Oil
Cc (avec la réponse de JP PERNAULT à J. FROT du 29 janvier 2002) à :
M. le Professeur Maurice TUBIANA
M. le Professeur André AURENGO
M. D. BAUDIS Président du CSA
M. VIEILLARD-BARON Délégué Général SFEN
M. Martin BOUYGUES
PARIS-MATCH