Courrier de Jacques B. à la rédaction de M6

A propos du mensonge de Tchernobyl

Remarques à propos de l’émission de Laurent Delahousse sur M6 le 8 décembre 2002 : " Tchernobyl le mensonge français ", et des commentaires de Télérama (Marc Belpois) qui renchérit en parlant de " mensonge éhonté ", et de Téléobs cinéma (Laurent Verat) qui titre " Un nuage très discipliné "

1) Je conteste : il n’y a pas eu de mensonge de l'Etat Français :

Suite aux campagnes médiatiques organisées par le lobby antinucléaire, la plupart les français pensent que le professeur Pellerin et le gouvernement de l’époque (Chirac, Guillaume, Barzach, Carignon) avaient menti en affirmant que " le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières "

L’un des objectifs de l’émission était de nous confirmer que, cela ne fait aucun doute, le nuage a bien traversé la France, et le Professeur Pellerin a clairement dit et écrit dès le 30 avril 1986 dès l'arrivée du nuage en France (et cela a été publié dans les journaux) que le nuage est bien passé sur l'ensemble du territoire français. Personne n’a jamais dit le contraire. Ce n'est que bien plus tard que certains journaux et certaines organisations anti-nucléaires ont annoncé que le Pr Pellerin aurait menti en cachant le passage du nuage radioactif, ce qui n'était pas vrai. On enfonce des portes ouvertes !

Parmi les très rares certitudes que j’ai, il y a celle-ci : le mythe du "nuage de Tchernobyl qui se serait arrêté aux frontières" est une expression inventée par les médias et habilement colportée par certaines organisations antinucléaires se disant indépendantes.

En réalité ni le professeur Pellerin ni le Gouvernement de l’époque n’ont menti et c'est facilement vérifiable encore aujourd'hui par les coupures de presse de l'époque qui reprennent les communiqués de presse du Pr Pellerin annonçant l'arrivée et le passage du nuage radioactif sur l'ensemble du territoire français.

2) Vous n'avez pas parlé du professeur Pellerin qui a gagné son procès en diffamation contre Noël Mamère, c'est un oubli regrettable :

M6 a oublié de signaler le procès en diffamation du Professeur Pellerin contre Noël Mamère (curieusement absent de cette émission), lequel avait tenu les propos suivants : "en 86, le jour de la catastrophe de Tchernobyl, il y avait un sinistre personnage au SCPRI qui s'appelait Pierre Pellerin, qui n'arrêtait pas de nous raconter que la France était tellement forte (complexe d'Astérix) que le nuage de Tchernobyl n'avait pas franchi nos frontières"

Or le professeur Pellerin a gagné 3 fois son procès : en 1ère instance le 11/10/2000 après 9 heures de débat, en appel le 03/10/2001, en cassation le 22/10/2002. le Tribunal a estimé que les propos de Noël Mamère à une heure de grande écoute sont diffamatoires en raison de l'allégation d'un fait précis qui porte atteinte à l'honneur et à la considération de celui auquel il est imputé"

Le Tribunal a cru devoir rappeler que "les communiqués scientifiques que la partie civile a adressés périodiquement à la presse après l'annonce de l'accident témoignent, tout en soulignant son caractère inoffensif, de l'élévation de la radioactivité".

Les témoins cités par Noël Mamère étaient notamment : Michèle Rivasi, Corinne Lepage, Monique Sené, alors que ceux de Pierre Pellerin étaient Rémy Carle, Jacques Pradel, et Maurice Tubiana (membre de l’Institut).

Je constate que M6 a composé son émission avec les témoins qui n’ont pas réussi à convaincre le tribunal et n’a pas cru devoir inviter les autres.

3) Votre émission oublie de citer les dégâts d’une communication excessivement alarmiste en Allemagne et en Italie :

M6 a notamment proposé aux téléspectateurs une comparaison jugée " édifiante " entre la communication du Gouvernement français après l'accident de Tchernobyl et celle de ses voisins (Italie, Suisse, Allemagne).

Pour la France, dont la communication a incontestablement été " rassurante ", on a cru pouvoir parler de mensonge, de négligences, d’incompétence … je pose alors deux questions :

* la première : " est il honnête d’affirmer que la communication française aurait été " trop rassurante " ? alors que l’on n’est pas capable de montrer un seul cancer résultant du passage du nuage, alors que Pierre Kohler (auteur de l’Imposture verte, et seul défenseur du nucléaire invité à l’émission !) a fait remarquer que l’on constate en France un doublement des cancers de la thyroïde tous les dix ans et que cette croissance est exactement la même dans les régions les plus affectées par le fameux nuage et dans les régions qui n’ont pas été touchées … elle a donc probablement d’autres causes que le nuage de Tchernobyl.

* la seconde : en revanche, la communication manifestement " alarmiste " de certains autres pays comme l’Italie ne devrait elle pas être montrée du doigt ? Car il y a eu semble t-il comme l’écrit Pierre Bacher dans son ouvrage " quelle énergie pour demain " des avortements inutiles en raison de la panique sotte et dangereuse provoquée par la communication italienne.

La comparaison est à coup sûr édifiante, mais en sens inverse de celui que l’on voulait suggérer.

4) Quelques chiffres sur la radioactivité qu'il est utile de connaître :

il me semble regrettable que l’on n’ait pas eu le temps de parler objectivement de la question des faibles doses de radiations et de donner quelques ordre de grandeur :

* doses reçues suite à l'accident de Tchernobyl en milisievert (mSv) : 0,6 en Grèce suivie de l’Allemagne (0,4) et de l’Italie, en 9 e position : la France avec 0,09 (mais des zones à 0,17), alors que nous subissons chaque année une dose moyenne de 3,4, et qu’une radiographie dentaire apporte 0,2, une radio pulmonaire 1, un scanner abdominal 15 par coupe, un an à 2000 m d’altitude 1,5, la dose létale étant de 4000 mSv (à condition que cette dose soit reçue en un temps très court).

* niveaux de radiation observés : 8.000 Bq dans le corps humain à l'état naturel, 4000 Bq par kg pour les salades italiennes après l'accident de Tchernobyl, 8500 Bq par litre pour le lait allemand après Tchernobyl, ou encore 5 Bq par verre de vin, 20 Bq par litre d’eau de mer, 400 Bq/Kg dans un sol sédimentaire, 8000 Bq/Kg ou plus pour un sol granitique, sans que cette radioactivité soit dangereuse (indépendamment de l'accident de Tchernobyl).

 

décembre 2002 Jacques B.