Charret Michel mars 2003

Charret Michel

A l'attention de : Valeurs actuelles / Forum des lecteurs

Objet : L’après pétrole, sommes nous prêts ?

Votre article : " Le pétrole coule à flot " du 14-02-2003 page 34 est dangereusement hypnotisant. Une vue réaliste qui relève d’analyses sûres est bien moins optimiste. Il faut absolument que politiques, médiats, et nous tous, prennent à bras le corps nos grandes responsabilités.

Les réserves mondiales de pétrole sont estimées à 142,1 Gtep, soit 40 ans de consommation au rythme actuel. Mais elle augmente rapidement en raison du développement des PVD et particulièrement la Chine, l’Inde, l’Amérique du Sud, l’Afrique. En réalité les réserves de pétrole s’épuiseront d’ici une trentaine d’années. Après les glorieuses et insouciantes années de l’ère du pétrole, le déclin approche à grand pas. Compte tenu qu’il faut au moins 20 à 30 ans pour développer des structures énergétiques, notamment un programme nucléaire, il y a URGENCE à agir, à préparer l’ère de l’après pétrole et de se réveiller pour prendre des décisions adéquates.

On peut s’attendre à une très grave crise, bien avant l’épuisement des réserves ultimes, qui dans les dernières années seront détenues pour 80% par les états du golfe persique. La tentation de " couper le robinet " à certains pays et de déclencher des guerres pour le contrôle du peu de réserves restantes est à craindre. Cette région du golfe est une poudrière qui ne manquera pas d’exploser si nous ne faisons pas rapidement les bons choix.

Donc, pour être pragmatique, il faut que l’Europe assure son indépendance énergétique. Que peut-on faire :

les économies d’énergie doivent être une priorité

les énergies renouvelables doivent être développées, mais elles sont loin de pouvoir prendre la relève.

le charbon est la source d’énergie, autre que le nucléaire qui permet d’arriver sûrement à la fin du 21^ième siècle (300 ans de réserves). Malheureusement il est le pire contributeur à l’effet de serre, donc au changement climatique. Il n’est pas raisonnable de remplacer le pétrole par le charbon.

le gaz permettrait un petit sursit, mais là aussi, attention à l’effet de serre.

Il est donc urgent de développer toutes les énergies et particulièrement l’énergie nucléaire qui s’avère être la plus écologique car il n’y a pas de " déchets " et les " rejets radioactifs " sont parfaitement maîtrisables et même recyclables et incinérables dans certains types de réacteur.

Le grand défi à relever est d’assurer à l’ Europe son INDEPENDANCE énergétique en transitant aussi vite que possible vers l’ère du nucléaire, du vent, du soleil, de l’hydraulique, de la géothermie, des marées, etc… et plus tard, pourquoi pas vers l’ère de la fusion de l’hydrogène.

P.S. Et si ces considérations s’avéraient pessimistes de 10 ans cela changerait en rien le fond des problèmes : effet de serre, localisation des réserves, indépendance énergétique, etc….

Michel Charret