Message de Georges Vendryes à propos du nucléaire Italien

7 décembre 2009

Cher Monsieur Martin,

Je reviens sur le message que j'ai adressé le 26 février dernier au GR21 et à Yahoogroupe nucléaire concernant l'arrêt de l'utilisation de l'énergie nucléaire en Italie pour vous apporter des précisions que je n'avais pas sous la main à l'époque.

Les 8 et 9 novembre 1987 les Italiens ont été appelés à se prononcer par référendum sur les trois questions suivantes:

Etes-vous pour ou contre l'abrogation :

1) des règlements qui autorisent le CIPE (Comitato Interministeriale per la Programmazione Economica) à décider lui-même de l'emplacement des centrales électriques (sans que le mot nucléaire ne soit prononcé) au cas où les Régions ne le feraient pas dans les délais fixés par la loi 393 (dont les électeurs ignoraient bien évidemment les dispositions)

2) des compensations financières accordées aux communes qui accueillent sur leur territoire des centrales nucléaires ou à charbon

3) des règlements qui autorisaient l'ENEL à participer à des accords internationaux pour la construction ou le fonctionnement de centrales nucléaires (c'est en l'occurence Superphénix qui était essentiellement visé);

Une majorité se dégagea en faveur de l'abrogation.

Ce sont les gouvernements italiens qui se succédèrent à cette époque à une cadence accélérée dans un climat d'extrême turbulence politique, qui prirent eux-mêmes les décisions qui mirent fin par étapes à l'usage du nucléaire civil en Italie ( Cette démarche débuta en décembre 1987 sous le gouvernement Craxi: fermeture de la centrale de Latina, suspension des travaux de la construction de Trino 2, moratoire de cinq ans pour la construction de nouvelles centrales nucléaires, études de sureté complémentaires concernant Caorso et Trino1, étude de la possibilité de convertir éventuellemnt la centrale de Montalto di Castro en construction en une centrale utilsant des combustibles fossiles. Elle s'acheva en juin 1990 par la décision du gouvernement Andreotti de fermer définitivement les deux seules centrales nucléaires encore en fonctionnement, Trino1 et Caorso).

Que ces décisions aient été prises suite à l'action de tel ou tel parti politique avec l'intention de satisfaire une opinion publique que la catastrophe de Chernobyl avait traumatisée est bien évident. Mais il n'en demeure pas moins (et c'était l'objet de mon message du 26 février dernier au GR21 et au Yahhogroupe ) qu'à aucun moment , contrairement à ce que beaucoup pensent et déclarent- le peuple italien n'a été appelé à se prononcer par referendum sur l'arrêt ou la poursuite de l'utilisation de l'énergie nucléaire dans son pays, ne serait-ce que parce que la Constitution de la République Italienne restreint l'usage du referendum à l'abrogation de lois ou de règlements, et qu'il ne saurait être question de l'utiliser pour poser une telle question à l'électorat.

Georges Vendryes