" Tchernobyl , vous avez dit mensonge ?"
compilé par
Pierre Schmitt
Retraité EDF, ancien directeur de la centrale de Creys-Malville
" Le nuage radioactif en provenance de la centrale accidentée de Tchernobyl et qui a survolé toute lEurope sest miraculeusement arrêté aux frontières de lHexagone, ainsi la France a été épargnée par son passage ".
Si on procédait à un sondage auprès des français, très certainement, à 99,9 %, ils répondraient quils ont été dupés et queffectivement, lors de laccident de Tchernobyl, cette phrase a été prononcée par des " responsables ", qui leur ont dissimulé la vérité et menti.
Au premier rang des accusés, en réalité le seul accusé " identifié ", le Professeur Pierre Pellerin qui en 1986, au moment de laccident, était le Directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI), service dépendant du Ministère de la Santé.
Dans un numéro du Canard Enchaîné daté de mai ou de juin 1986, un " poème " assassin de Rolland Bacri résume, à lui seul, limage propagée par les médias et répandue dans le public :
" Pourquoi qui voit rin ?, pourquoi qui dit rin ?, pourquoi qui fait rin ? SAPPELLERIN"
Bien évidemment, comme il sera clairement démontré ci-après, ni Pierre Pellerin ni quiconque au SCPRI na prononcé une telle phrase ni même tenté de faire croire à une telle contrevérité, bien au contraire.
Dentrée soulignons que justice a été rendue à Pierre Pellerin. Pour avoir porté cette accusation de mensonge sur Antenne 2 en 1999, M. Noël Mamère a été condamné pour diffamation en correctionnelle le 12/10/2000, ce jugement a été confirmé en appel le 3/10/2001 puis par la cour de cassation le 22/10/2002.
Que sest-il donc réellement passé pour quune telle certitude, " on nous a menti ", soit si ancrée dans tous les esprits ?. Lexpliquer, revient à conter lhistoire dune extraordinaire mystification de lopinion par ceux là même qui accusent le Professeur Pierre Pellerin de mensonge.
Résumons :
Pierre Pellerin a été le premier en France et en Europe, dès le 29 avril 1986, à fournir des informations précises sur laccident. Le 1er mai il indiquait sans ambiguïté dans un communiqué très largement diffusé, que " le passage du nuage avait concerné lensemble du territoire français ", ce qui est manifestement linverse de ce quon laccuse davoir dit. Cette information sera reprise par tous les médias dès le 2 mai. Le Monde publiera les cartes donnant, jour par jour, les mesures effectuées par le SCPRI, indiquant laugmentation de la radioactivité de lair sur lensemble du territoire entre le 30 avril et le 5 mai.
Par la suite, le SCPRI a informé scientifiquement, au jour le jour, les autorités françaises et les médias des mesures quil continuait deffectuer ou de collecter. Il nétait dailleurs pas le seul, les Services Vétérinaires départementaux, et les services de la Répression des Fraudes effectuaient, de leur côté, leurs propres mesures sanitaires.
Cest sur lensemble de toutes ces mesures effectuées et des avis émis par le SCPRI et par les différents services départementaux, et non sur le seul avis de Pierre Pellerin, que les autorités se sont basées pour organiser la surveillance du territoire, des denrées alimentaires et décider, en temps réel de la nécessité ou non dadopter des mesures de prévention ou de protection sanitaire.
Il faut sintéresser de très près à la chronologie des événements et des communiqués pour découvrir que la polémique autour du passage du nuage est en réalité née suite à la publication le 6 mai 1986 dun communiqué du Ministère de lAgriculture, référencé 86/CAB/010/RR.
Cest un communiqué maladroit et incohérent qui affirme dans le même paragraphe une chose fausse, et son contraire vrai ! En effet, bien que Pierre Pellerin ait, dés le 1er mai, informé lopinion du " passage du nuage sur lensemble du territoire ", le communiqué du 6 mai du Ministère de l'agriculture était ainsi rédigé : " Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombée de radionuclides consécutives à laccident de la centrale de Tchernobyl ", ce qui est faux, mais cette affirmation était immédiatement suivie de laffirmation contraire: " A aucun moment les hausses de radioactivité observées nont posé le moindre problème dhygiène publique ". Lincohérence et la stupidité de cette déclaration sont évidentes. Sil y eut " hausses de la radioactivité " cest donc quil y eut passage du nuage ! Ce que tout le monde savait depuis le 1er mai et que personne navait dailleurs tenté de nier. Communiqué incohérent et stupide autant quinutile !
Cependant ce stupide et lamentable cafouillage du Ministère de lAgriculture allait donner une occasion rêvée à tous ceux qui cherchaient depuis longtemps à disqualifier le Pr Pellerin et le SCPRI en charge, pour France, de la radioprotection (réglementation, surveillance, prélèvement, mesures de contrôle environnemental et surtout de lévaluation des conséquences sanitaires des rayonnements ionisants )
Le procédé pour discréditer le SCPRI (et, à sa suite, tout le secteur qualifié de " lobby nucléaire ") a été aussi simple quefficace : occulter le fait quune information régulière avait été donnée dès lapparition des effets de laccident, le 29 avril, imputer à Pierre Pellerin la phrase stupide du communiqué du Ministère de lAgriculture, puis faire croire, au travers de certains médias complaisants, que cest sous la pression des informations en provenance de létranger, des médias et des opposants au nucléaire que le Pierre Pellerin avait finalement été contraint le 12 mai " davouer " sa dissimulation, son " mensonge nucléaire ".
Coup double : on discrédite lhomme et le SCPRI puis on profite de loccasion pour lancer un " laboratoire indépendant ", que lon autoproclame comme étant désormais seule source honnête dinformations crédibles et incontestables.
En fait, et fondamentalement, ce que les opposants au nucléaire ont reproché à Pierre Pellerin (sans jamais le formuler ainsi) cest davoir, en tant que spécialiste de radioprotection et médecin, donné un avis sur la non nocivité de laugmentation de la radioactivité atmosphérique lors du passage du nuage. Cet avis les a sur le coup privé darguments, et, contrairement à ce qui a pu se produire dans dautres pays, de loccasion de développer une vaste campagne contre le nucléaire. Il faut aussi noter que Pierre Pellerin a, dès lorigine, précisé que dans le futur la radioactivité pourrait subsister et pourrait même saccumuler en certains endroits (à déceler) suite au lessivage du nuage par des précipitations. La surveillance du territoire devait donc être strictement maintenue longtemps après laccident.
A lépoque tout ce qu'il était possible de mesurer (activité atmosphérique et contamination des denrées) et de dire (communiqués) en temps réel a été fait et dit.
Depuis 1986, toutes les tentatives faites pour démontrer le caractère totalement infondé et malveillant de laccusation de mensonge portée contre lui et ses collaborateurs du SCPRI sont restées vaines.
Rien ny a fait : documents probants et preuves à lappui, déclarations ministérielles devant lAssemblée Nationale, procès en diffamation engagés et gagnés contre ceux qui ont continué à soutenir cette accusation mensongère. La rumeur diffamatoire se perpétue, elle a définitivement revêtu lapparence dune vérité première. Elle est (presque) indestructible.
Lopinion reste convaincue quelle a été abusée. Le but recherché est atteint, le public est conforté dans sa certitude que le nucléaire ne peut décidément vivre et survivre quà labri du secret, du mensonge et que tout ce qui concerne son impact sanitaire lui est, et continuera à lui être, méticuleusement dissimulé. Seul, désormais, un laboratoire se déclarant " indépendant " de tout organisme officiel saurait être crédible. En dehors de lui tout nest que mensonge dEtat et manipulation du lobby nucléaire.
Au travers la perpétuation de ce mythe du secret et du mensonge cest la confiance du public en lindustrie nucléaire, en ceux chargés de lexploiter, dassurer sa tutelle et son contrôle qui a été ébranlée, voire détruite.
Ce discrédit des exploitants, des autorités de tutelle et de contrôle du nucléaire, est d'ailleurs sans doute le résultat recherché par ceux qui depuis 1986 font courir et entretiennent cette information diffamatoire.
Le mécanisme de lincroyable saga du mythe du nuage de Tchernobyl qui se serait arrêté aux frontières est " démonté " ci-après.
1 Chronologie davril à mai 1986
Cette saga est relatée chronologiquement, davril à mai 1986, au travers de faits, darticles et de déclarations. Toutes les références étant données, il est aisé den vérifier lauthenticité. Les textes originaux sont reproduits en italique.
Il convient de souligner que tous les communiqués du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI) dirigé par le Professeur Pierre Pellerin reproduits ci-après ont été systématiquement adressés, soit par télex ou photocopie (moyens les plus performants de lépoque),
- au cabinet du Premier Ministre
- aux cabinets des ministres de la Santé, de lEnvironnement, de la Défense Nationale et des Affaires Étrangères,
- à la Sécurité Civile,
- à lInstitut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN),
- au Service Central de Sûreté des Installations Nucléaires (SCSIN), à la DGS
- aux agences de presse AFP, REUTER et ASSOCIATED PRESS
La plupart de ces communiqués ont par ailleurs été directement adressés aux médias, presse écrite, radio ou télévision (dont Libération, Le Monde, France Inter, RTL )
1-1 Période allant de la fin avril au 11 mai 1986
Lexplosion du réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl a eu lieu le matin du samedi 26 avril 1986 à 1h23.
Dès le 27 avril, le système de surveillance des centrales nucléaires scandinaves (Suède) avait constaté une élévation anormale de la radioactivité atmosphérique sans pouvoir en identifier précisément lorigine.
Les Soviétiques nannonceront la nouvelle dun laccident nucléaire que le lundi 28 avril vers 13 h, sans en préciser ni la nature, ni la gravité, ni le lieu.
Samedi 26, dimanche 27 et lundi 28 avril
Journaux : aucune information.
Mardi 29 avril
Premier communiqué du SCPRI (suite à lalerte en provenance de Suède)
" Ce jour, 29/04/86 à 24 h, aucune élévation significative de la radioactivité sur lensemble des stations du SCPRI du territoire.
En revanche, premier prélèvement significatif effectué sur le vol Air France Hambourg-Paris (en provenance de la région de la baltique). Les pourcentages relatifs de la composition en spectrométrie gamma :
132 Tellure environ 39%
131 Iode environ 30%
132 Iode environ 21%
103 Ruthénium environ 5%
99 M Technétium environ 3%
134 Césium traces
137 Césium traces
140 Baryum traces
Ces mesures se poursuivent "
Il est à noter que le SCPRI a été le premier à avoir eu lidée de procéder à des prélèvements sur un avion en provenance de lest. Dès le 29 avril, il a ainsi pu donner la composition exacte des radioéléments contenus dans ce " nuage radioactif échappé dune centrale accidentée, quelque part à lest " et, malgré le silence des autorités soviétiques, apporter la première preuve quun très grave accident nucléaire ayant conduit à un important relâchement de produits de fission radioactifs venait davoir lieu.
Journal Libération du 29 avril
Page 1
" LAgence Tass annonce une catastrophe nucléaire en URSS "
" Hier matin les autorités des pays nordiques ont détecté un taux de radioactivité 5 à 6 fois supérieur à la normale, sans pour autant quil menace les populations scandinaves "
Page 40 :
" Depuis dimanche [donc le 27/4] une vague de radioactivité anormale sest abattue sur la Finlande, la Suède et la Norvège ¼ incertitude sur la provenance ¼ Selon lAgence Tass ¼ Tchernobyl. "
Mercredi 30 avril
Communiqués du SCPRI à toutes les agences de presse
-Premier communiqué à 16 h
" Ce jour 30/04/86 à 16 h, toujours aucune élévation significative de la radioactivité sur lensemble des stations du territoire [ français].
Sur plusieurs vols Stockholm-Paris et Oslo-Paris (région scandinave), prélèvements plus actifs dun ordre de grandeur [cest à dire dans un rapport de 10] par rapport au prélèvement Air France Hambourg-Paris mentionné dans mon télex du 29/04/86
132 Tellure environ 36%
132 Iode environ 25%
131 Iode environ 21 %
140 Baryum environ 7%
134 Césium environ 4%
99 Technétium environ 2%
133 Iode environ %1
95 Zirconium, 95 Niobium, 137 Césium : traces
Pas de transuraniens [plutonium, neptunium ] jusqualors "
-Second communiqué à 24 h
" Ce jour, 30/04/86 à 24 h, situation dans lensemble stationnaire. On note cependant, sur certaines stations [de mesure du SCPRI] du sud-est, une légère hausse de la radioactivité atmosphérique, non significative pour la santé publique".
Journal Libération du 30 avril
Page 1 :
[Photo satellite montrant la nébulosité sur lEurope occidentale, les pays nordiques et lOuest de lURSS]
En titre : " Le nuage radioactif provoqué par laccident a survolé hier la Scandinavie, la Pologne et le Nord de lAllemagne sans aucun danger pour les populations "
Page 3
En titre : " le nuage dUkraine plane sur lEurope " ¼ " après avoir survolé les pays scandinaves le nuage radioactif menace maintenant lEurope occidentale en raison dun changement des vents mais il est difficile de prévoir son évolution ¼ [des] chiffres ont été enregistrés en Suède. Ils nous ont été communiqués [il sagit de lactivité de lair] en Becquerel par m3. Selon des calculs rapidement effectués pour nous par le Docteur Jacques Lafuma, chef du Département de Protection Sanitaire du CEA, les Suédois auraient enregistré des doses de 5 millirems dues à liode, ce qui est très faible, et de 10 microrems dues au césium. Pas de quoi saffoler ! On ignore les doses autour de Tchernobyl "
Jeudi 1er mai : férié
Communiqué du SCPRI
(pas de parution de journaux, ce communiqué ne sera donc repris par la presse que le 2 mai 1986) :" Ce jour 1er mai 86, 24 h, tendance pour lensemble des stations du territoire a un alignement de la radioactivité atmosphérique sur le niveau relevé le 30 avril dans le sud-est.
Il est rappelé que ce niveau est sans aucune incidence sur lhygiène publique.
Ce communiqué est un peu sibyllin pour le public, il faut lavouer. Il indique cependant clairement aux autorités que le nuage est en cours de passage sur lensemble du territoire. Les journaux du 2 mai le comprendront ainsi, voir ci-dessous les articles de Libération : Pierre Pellerin a annoncé hier l'augmentation de la radioactivité sur lensemble du territoire
Vendredi 2 mai
Communiqué du SCPRI
" Radioactivité ambiante consécutive à laccident nucléaire russe de Tchernobyl. Mise au point à diffuser auprès des médecins et du public.
1) Lélévation relative de la radioactivité relevée sur le territoire français à la suite de cet accident est très largement inférieure aux limites recommandées par la CIPR et aux limites réglementaires françaises, elles-mêmes fixées avec des marges de sécurité considérables. Il faudrait imaginer des élévations dix mille ou cent mille fois plus importantes pour que commencent à se poser des problèmes significatifs dhygiène publique. La distance, la dilution atmosphérique et la décroissance radioactive excluent une telle évolution dans notre pays.
2) De toutes façons, la plupart des radioéléments à lorigine de cette faible radioactivité ont des périodes relativement courtes. En particulier liode 131 a une période dune semaine, il en résulte que dans six semaines sa radioactivité sera réduite de plus de 50 fois et dans dix semaines de plus de 1.000 fois.
3) La distribution diode stable destinée à bloquer le fonctionnement de la thyroïde nest ni justifiée ni opportune même dans les pays proches de lUnion Soviétique et dans lUnion Soviétique elle-même si lon excepte les abords immédiats (environ 50 km) du réacteur accidenté. En tout état de cause, les pastilles ou plaquettes diodure de potassium ne sont pas nécessaires
Une goutte de teinture diode, disponible dans toutes les pharmacies familiales dans un verre de lait pendant quelques jours serait, si nécessaire, au moins aussi efficace.
En conclusion : ni la situation actuelle, ni son évolution ultérieure ne justifient dans notre pays quelque contre-mesure sanitaire que ce soit.
Professeur P. Pellerin Directeur du SCPRI, Ministère de la Santé
Journal Libération
Page 1 : le titre, " Tchernobyl, le choc du nuage "
" Laccident nest pas encore liquidé¼ pendant ce temps, le nuage échappé du cur du réacteur continuait son voyage à travers lEurope faisant parfois souffler la panique, comme en Pologne ; il serait en fait sans danger pour les populations "
Page 4 :
Sous le titre " la longue dérive européenne dun nuage nucléaire " : " [en] Europe du Nord puis du sud les météorologues suivent la route du nuage sans pouvoir vraiment la prédire "
" A Monaco, on a enregistré des traces de particules peu fréquentables dans latmosphère (minimes, ne présentant aucun danger selon les responsables) puis, finalement, cela a été le tour de la France "
" Pierre Pellerin le Directeur du SCPRI a annoncé hier
[donc le 01/05, jour férié où les journaux ne paraissent pas] que laugmentation de la radioactivité était enregistrée sur lensemble du territoire sans aucun danger pour la santé. Un avion dAir France a relevé des traces radioactives à 20 km au nord de Montélimar à 13h15 ¼ la légère hausse de la radioactivité décelée dans le sud-est nest pas significative, selon le SCPRI "Page 5 de Libération, sont présentées deux cartes montrant la nébulosité en Europe. La première relative au mardi 29/4 montre un anticyclone centré sur la France et une dépression sur la Pologne, la seconde relative au jeudi 1er mai montre un anticyclone centré sur la Pologne et des nuages arrivant par le sud de la France, par la Roumanie puis lItalie
Samedi 3 mai
Communiqué du SCPRI
La baisse générale de la radioactivité atmosphérique amorcée le 2 mai sest nettement accentuée sur les trois quarts ouest du territoire français où elle sest en particulier réduite en moyenne à 20 picocuries diode 131 par mètre cube dair le 3 mai, soit environ le cinquième du niveau initialement atteint. Les vents du sud-ouest évacuent maintenant les masses dair vers lest de lEurope.
Seule la région sud-est reste encore pour linstant stationnaire, quant à la radioactivité, par suite de la persistance dun front froid sur la vallée du Rhône
Journal Libération :
Page 2
Titre : " lEurope dans le nuage "
" France, le SCPRI ne signalait aucune modification sensible de la radioactivité dans le sud-est par rapport à celle de mercredi [30/4]
" Hier le Sous Préfet de Toulon indiquait que le taux augmentait, mais sans précision ".
" Aucune contre mesure sanitaire nest justifiée, et la prise préventive diode nest ni opportune ni justifiée a déclaré le Professeur P. Pellerin Directeur du SCPRI "
Page 4
Dany Cohn Bendit relance (avec opportunité !) lidée dun moratoire comme objectif politique " ¼ le débat du moratoire va se jouer sur le Super Phénix [allemand] de Kalkar ¼ En France il faut réimposer le débat sinon une semaine encore on va parler de Tchernobyl et après ce sera fini ! ¼ on ne fait confiance quaux scientifiques quon accepte découter ". Clair et intéressant !
Dimanche 4 mai
Communiqué du SCPRI
" A diffuser auprès des autorités sanitaires, des médecins, des pharmaciens et du public.
Objet : radioactivité ambiante consécutive à laccident nucléaire russe de Tchernobyl, situation le 4 mai à 18 h "
[le communiqué reprend les textes diffusés les 2 et 3 mai, voir ci-dessus, et les complète par linformation suivante prenant en compte lévolution de la situation au soir du 4 mai]
" Aujourdhui 4 mai 1986, la radioactivité atmosphérique est revenue à une valeur voisine de ce quelle était avant laccident russe, cest à dire au moins dix fois plus basse quhier.
Les débits de dose maximum relevés nont jamais dépassé 60 microrads/heure, soit quatre fois le bruit de fond moyen de la radioactivité naturelle en France (15 microrads/heure).
Dune manière générale lélévation passagère de la radioactivité en France na atteint quune fraction des niveaux annoncés dans certains pays, notamment ceux dEurope centrale et, en ce qui concerne le pâturage des animaux et la consommation du lait et des légumes frais, aucune contre-mesure nest, dans la situation actuelle, envisagée et la surveillance renforcée établie par la Santé Publique depuis le 29 avril est strictement maintenue. ". En clair lélévation de la radioactivité atmosphérique lors du passage du nuage na eu aucun impact sanitaire, par contre, pour les dépôts qui en résulte et restant sur les sols, végétaux , la surveillance doit être strictement maintenue
Pas de parution ni de Libération, ni du Monde
Lundi 5 mai
Communiqué du SCPRI
-Premier communiqué :
" Ce jour 5 mai sur la quasi-totalité du territoire lélévation passagère de radioactivité de latmosphère qui sétait produite à partir du 30 avril a maintenant disparu. Elle est en voie de décroissance pour les autres éléments du milieu [en clair pour les éléments autres que latmosphère, soit : leau, les végétaux, les aliments ]
Une certaine activité peut apparaître encore quelques jours :
- dans leau de pluie où une brusque augmentation locale temporaire peut se manifester lorsque les orages " lessivent " latmosphère,
- dans les végétaux et le lait
Cette radioactivité, insignifiante sur le plan de la santé, ne peut que diminuer très rapidement car ses deux principaux constituants, le tellure 132 et liode 131 ont respectivement 3 et 8 jours de période.
-Second communiqué
"Radioactivité ambiante : situation le 5 mai à 24 h
Ce jour 5 mai à 24 h, le retour à la normale de la radioactivité de latmosphère sest étendu à lensemble du territoire, y compris le sud-est.
De ce fait, lintroduction nouvelle de radioactivité dans les autres éléments du milieu a désormais cessé.
Néanmoins, par suite du décalage dans le temps, dû au cheminement des radioéléments introduits dans le milieu, on observe actuellement une élévation retardée de radioactivité, en particulier de liode 131 dans certains prélèvements, qui peut encore persister quelques jours :
-dans le lait, cette élévation, retardée par le métabolisme des animaux, sest amorcée hier, elle a atteint le 5 mai entre 3 et 5 nanocuries diode 131 par litre. Elle nest pas significative sur le plan de la santé publique.
-dans les eaux de pluie recueillies entre le 28 avril et le 4 mai, on a pu mesurer des activités volumiques de 30 à 50 nanocuries par litre qui illustrent bien le " lessivage " de latmosphère par les orages.
Lensemble de lévolution de la situation est suivi depuis le début de laccident grâce à mesures effectuées sur plus de 250 échantillons recueillis sur des poussières atmosphériques, les avions de ligne, les végétaux, les sols, le lait, les poissons, les thyroïdes de bovins, les eaux de rivière, les eaux potables, les eaux de pluie etc.
Il y a lieu dy ajouter environ 500 résultats de mesure transmis par notre réseau général de surveillance de latmosphère et du rayonnement gamma [en particulier autour des centrales nucléaires].
A noter que les activités des thyroïdes de bovins recueillies entre le 2 et le 5 mai sont relativement faibles : 6 à 70 picocuries diode 131 par gramme frais [soit 2 à20 Bq/g].
Journal Libération
Page 30
Titre " La France à labri de toute consigne "
" A la question pourquoi les autorités françaises nont-elles pas ordonné des mesures comme dans les autres pays voisins, le Professeur Pellerin a répondu par télex [du 2 mai] : Lélévation relative relevée sur le territoire français à la suite de laccident est très largement inférieure aux limites réglementaires elles-mêmes fixées avec des marges considérables. Il faudrait des élévations 10 ou 100.000 fois plus importantes pour que commence à se poser des problèmes significatifs dhygiène
La distribution diode nest ni justifiée ni opportune si lon excepte les abords (50 km) du réacteur accidenté. Aujourdhui 4 mai, la radioactivité atmosphérique est revenue à une valeur voisine de ce quelle était avant laccident, cest à dire au moins 10 fois plus basse quhier "
Mardi 6 mai
Communiqué de presse du Ministère de lAgriculture (86/cab/010/RR)
" Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à laccident de la centrale de Tchernobyl. A aucun moment les hausses observées de radioactivité nont posé le moindre problème dhygiène publique.
Le Ministère de lAgriculture dispose des résultats recueillis par le SCPRI qui dépend du Ministère des Affaires Sociales et de lEmploi. Selon le SCPRI les débits de doses maximales de radioactivité atmosphérique sont toujours restés tout à fait négligeables.
La France a demandé à la Communauté Economique Européenne de mettre au point le plus rapidement possible une procédure uniforme de contrôle applicable par tous les Etats membres à légard des pays tiers en sinspirant des recommandations de la Commisssion Internationale de Radioprotection. Ces mesures ne devront en aucun cas entraver les échanges intra-communautaires. Dautre part, nous avons demandé que chaque Etat membre tienne informé ses partenaires des contrôles quil effectue et de leurs résultats.
Une surveillance particulière a été mise en place par certains Etats membres à légard des produits français. Ces dispositions ne sont aucunement justifiées. Le Ministère de lAgriculture sattache à ce que, dans les plus brefs délais, la libre circulation de tous les produits français soit rétablie en direction de ces pays.
Les préoccupations du Ministère sont claires, répondre (stupidement !) à certaines mesures dembargos prises au sein de la Communauté Européenne, mesures parfois plus dictées par lopportunité ainsi que par des considérations de politique interne et de protection des marchés que par le réel souci de protéger les populations. (sur ce point voir ci-après, et sur ce thème, les très édifiants articles de Libération des 7 et 8 mai sur lAllemagne, lItalie et la Grèce)
Premier communiqué du SCPRI
" 1) Confirmation du retour de la radioactivité de lair à un niveau pratiquement équivalent à celui qui précédait laccident russe (sauf dans le sud-est où elle reste encore pour le moment légèrement plus élevée). Ainsi en région parisienne la radioactivité de lair en iode 131 est-elle devenue environ 100 fois plus faible que le maximum relevé le 2 mai.
2) Dans le lait, diminution amorcée de lactivité en iode 131, compte tenu de la courte période de ce radioélément, son activité tend maintenant à devenir inférieure à celle du césium 137 dont le SCPRI suit particulièrement lévolution (le 5 mai, jusquà 3 nanocuries par litre [environ 100Bq/litre]). A noter que les normes pour le césium 137 sont, compte tenu de son métabolisme, encore moins sévères que pour liode 131.
3) Pour les thyroïdes de bovins, qui servent dindicateur, situation comparable à celle du 5 mai.
4) Enfin, la baisse générale de la radioactivité est confirmée par la diminution importante des activités notamment en iode 131, tellure 132 et césium 137 relevées sur les avions de ligne européens.
Second communiqué du SCPRi
Au cours de la période du 28 avril au 5 mai, les mesures du rayonnement gamma ambiant au sol nont jamais excédé 60 microrads par heure, soit au maximum 4 fois le rayonnement naturel qui est en moyenne de 15 microrads par heure. Cette pointe a duré en moyenne à peine 24 heures. Un tel débit de dose est deux fois inférieur à celui auquel on est exposé dans nimporte quel voyage aérien.
En fait cette exposition et ses variations ne sont mesurables que grâce à lextrême sensibilité des instruments de mesure de la radioactivité. Elles sont sans aucune signification sur le plan de lhygiène publique.
b) Radioactivité de lair .
Les mesures indiquent en moyenne des activités dune centaine de picocuries par litre. Il faut comparer ce résultat à la valeur de 100.000 picocuries par litre, retenue par le comité dexperts médicaux anglais réunis après laccident de Windscale, pour différer la distribution de lait frais. En dautres termes il faudrait consommer un tel lait à raison dun litre par jour durant 75 ans pour seulement recevoir la dose admise pour un an, dose elle même calculée avec une marge de sécurité considérable.
Journal Libération
Page 26, titre " Le nuage a " tout juste frôlé " lEst de la France "
Nota : ce titre est en contradiction avec ce que Libération a écrit le 2 mai, dans ce numéro, une déclaration très claire du Professeur Pellerin y était en effet rapportée confirmant " que laugmentation de la radioactivité avait été enregistrée sur lensemble du territoire ". On assiste ici à la première phase dune distorsion de ses déclarations, phase qui conduira progressivement à lui " faire dire " ce quil na ni dit, ni laisser sous-entendre à savoir que " le nuage sétait arrêté aux frontières de la France ". En réalité on lui fait endosser la responsabilité de la rédaction du communiqué du Ministère de lAgriculture.
" La France apparaît comme lun des rares pays dEurope occidentale miraculeusement épargné par les retombées de Tchernobyl¼ Hier la Direction de la Qualité au ministère de lAgriculture a indiqué que le taux de radioactivité des produits agricoles en France est " normal ". La raison ? Le nuage a " tout juste frôlé " la frontière est du pays.
Les analyses faites (lait, viande¼ ) ne font apparaître aucune hausse de la radioactivité. Le Laboratoire Central dHygiène Alimentaire, et ses satellites dans les départements, exercent un contrôle permanent. Même son de cloche au Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants ".
Ceci signifie que les prélèvements les contrôles et les analyses effectués par dautres organismes, non liés au SCPRI, tels que les services vétérinaires des départements, aboutissent aux mêmes résultats et aux mêmes conclusions que le SCPRI quant à limpact sanitaire.
Toujours page 26, dans un article signé Selim Nassib, intitulé " sil ny a rien à cacher que lon cesse de donner limpression contraire " une critique est formulée à ladresse du SCPRI :
" Pourquoi estil si difficile aux journalistes dobtenir des responsables du SCPRI au bout du fil et doivent-ils attendre que lon réponde à leurs questions par un texte écrit ? "
" Si le beau temps a réellement sauvé la France, si les communiqués rassurants nont rien à voir avec la volonté de ne pas faire de peine aux agriculteurs français, tout le monde sen réjouit. Mais sil ny a rien à cacher que lon cesse de donner limpression contraire "
Nota : pour ce qui concerne les difficultés rencontrées par les journalistes pour obtenir des responsables du SCPRI " au bout du fil ", il faut savoir que le SCPRI était littéralement assailli de demandes et, quétant donnée lampleur et lurgence des tâches à effectuer (des centaines de prélèvements sur lensemble du territoire, lacheminement et lanalyse des échantillons prélevés, linformation des différents ministères concernés, des préfets ), il nest pas possible que les responsables de services techniques puissent être en permanence à la disposition des journalistes en dehors de périodes limitées dans le temps dédiées à linformation.
En accord avec les pouvoirs publics et les responsables de la sécurité civile, le SCPRI a mis en uvre une politique qui a semblé stricte mais qui est une politique dinformation classique en période de crise. Elle consiste, pour un organisme technique ou scientifique, à ne donner que linformation scientifique et technique dont il dispose et uniquement par écrit, à donner la même information et au même moment à tous et selon le rythme souhaité par les pouvoirs publics, rythme adapté à la gravité de la situation et à la vitesse a laquelle celle-ci évolue.
Sur la base de ces données, les interprétations et les commentaires sont du ressort et de la responsabilité des autorités civiles et politiques et font généralement lobjet de conférences de presse distinctes.
Mercredi 7 mai
Communiqué du SCPRI
" Pour ce qui concerne la surveillance des conséquences de laccident de Tchernobyl en France, le Service Central de Protection Contre les Rayonnements Ionisants a, par le réseau quil a établi de longue date et les moyens techniques dont il dispose, suivi jour par jour, sans aucune interruption, la situation depuis le 27 avril dernier. Sur les mesures effectuées à ce jour sur plus de 500 échantillons (poussières, avions de ligne, végétaux, sols, lait, eaux, etc ) il y a lieu dajouter environ 800 résultats de mesures transmis par son réseau général de surveillance de la radioactivité de latmosphère et du rayonnement ambiant autour des différents centres nucléaires français.
Lensemble de ces travaux permet détablir le bilan suivant :
LAIR :
- Entre le 1/5 et le 2/5 : activité totale de lair inférieure à 800 picocuries par m3, activité de liode 131 inférieure à 200 picocuries par m3
- Baisse continue à compter du 3/5 et retour à la situation antérieure à laccident le 6/5 au matin sur lensemble du territoire.
LES PRÉCIPITATIONS
Lactivité maximale a atteint 30 nanocuries par litre pour liode 131 et a été inférieure à 100 nanocuries par litre en activité totale du 28/4 au 2/5.
Entre le 3 et le 6 mai, son activité a encore été divisée par trente. Elle est désormais en moyenne de 1 nanocurie par litre pour liode 131.
LES RETOMBÉES AU SOL
Les mesures ont donné les résultats moyens suivants, selon les radioéléments
Activité exprimée en Mci/km2 (nm = non mesurable)
132 Te 131 I 103 Ru 140 Ba 137 Cs 134 Cs
Au 2/5 : 0,87 4,3 0,43 0,65 nm nm
Au 8/5 : 1,20 1,6 1,06 nm 0,23 0,12
Total : 2,0 5,9 1,5 0,65 0,23 0,12
Soit, au total, 11 Mci/km2 environ dactivité intégrée depuis le 1/5/86
EXPOSITION AMBIANTE
Lexposition au rayonnement ambiant au sol na jamais excédé 60 microrads par heure du 28 avril au 5 mai, soit au maximum 4 fois le rayonnement naturel (15 microrads par heure en France). Cette valeur [de 60 microrads] n'a été atteinte que pendant à peine 24 h le 4 mai dans la région du sud-est. Un tel débit de dose est 2 fois inférieur à celui auquel on est exposé lors dun voyage aérien.
Actuellement cette exposition est revenue à sa valeur moyenne de 15 microrads par heure.
LAIT DE PÂTURAGE
Les mesures effectuées (pour toute la France) sont résumées ci-dessous :
Activités de liode 131 exprimées en nanocuries par litre [37 Bq par litre]
Date des prélèvements Moyenne maxi mini
1-2-3 mai 1986 0,65 1,2 0,1
4 mai 0,25 0,5 0,1
5 mai 2,9 12 0,1
6 mai 2,4 11 0,3
7 mai (Paris seul) 1,0 1,8 0,1
AUTRES CONTRÔLES
a) Thyroïdes des bovins
Dans le cadre de son réseau dalerte, le SCPRI a mesuré lactivité en iode 131 des thyroïdes des bovins répartis sur lensemble du territoire français
Les activités ont atteint 2500 picocuries par gramme dorgane frais dans les Vosges le 6/05/86 sur des bovins en herbage.
Les activités thyroïdiennes relevées dans les régions du sud-est et du sud-ouest ont atteint respectivement 40 et70 picocuries par gramme
A Mantes on a relevé 350 picocuries par gramme le 7/05/86
Ces thyroïdes animales sont un indicateur très sensible de liode radioactif.
b) Contrôle de la radioactivité des avions de ligne
Dans le cadre du réseau dalerte le SCPRI a mesuré la contamination radioactive éventuelle de 170 prélèvements effectués sur 120 avions de ligne sillonnant lEurope par analyse de frottis et de filtres.
Lactivité maximale a été trouvée sur un avion en provenance de Copenhague le 1/05/86
(contamination exprimée en picocuries par cm2) I 131 : 65 - Te 132 : 95 - Ce 137 : 34
DENRÉES ALIMENTAIRES
Le SCPRI a effectué de nombreux contrôles sur requête de ladministration pour lexportation de bovins, de poissons, végétaux et produits alimentaires.
Aucune activité significative pour la santé publique na été relevée sur les produits dorigine française.
CONTRÔLES SUR LHOMME
Jusquà présent il a été procédé au contrôle de plus de 40 personnes en provenance des régions de lest, notamment de Kiev et de Minsk, par anthropogammamétrie et analyse urinaire. Seules des traces diode 131 ont été relevées. Elles sont sans incidence sur la santé.
Les 19 dosimètres des marins du " Borodine " qui se trouvait en rade de Riga les 29/04 et 1/05/86 nont montré aucune exposition. Ces marins seront contrôlés du point de vue de la radioactivité interne.
CONCLUSION
La radioactivité de lair est revenue pratiquement à sa valeur davant laccident
Les pluies dorage qui rabattent au sol les traces encore présentes dans latmosphère peuvent néanmoins, pendant encore quelques temps, provoquer des élévations locales et temporaires de la radioactivité au niveau du sol, sans conséquences sanitaires.
La radioactivité du lait a décru.
Lexposition moyenne de la population française consécutive aux retombées de laccident de Tchernobyl restera, dans les hypothèses les plus pessimistes, inférieure au dixième de l'exposition naturelle annuelle (de lordre dun séjour de deux semaines en montagne). Aucune contre-mesure sanitaire nest à envisager, comme vient dailleurs de le confirmer clairement lorganisation mondiale de la santé.
Le SCPRI a publié au moins un communiqué quotidien depuis le 29 avril. Cette information sera poursuivie régulièrement.
Le SCPRI tient à remercier chaleureusement tous les services qui lui ont apporté leur concours et notamment :
La Météorologie Nationale,
Les Services Départementaux de lAction Sanitaire,
La Sécurité Civile
LInstitut de Protection et de Sûreté Nucléaire
Les centrales dEDF
La Cogéma
Laéroport de Paris
Les compagnies Air France et UTA
Les services de radioprotection des différents pays participant au réseau du Centre International de Référence pour la Radioactivité dont lOMS a chargé le SCPRI
Les services de radioprotection du Royaume Uni et dEspagne
Journal Libération
Page 27
Titre " LEurope ouvre son parapluie "
" La plupart des pays membres de la communauté ont pris des mesures de surveillance, voire de suspension sur certains produits alimentaires. Seule la France reste totalement étrangère au syndrome Tchernobyl "
Nota : ainsi formulé larticle de Libération insinue quaucune mesure de surveillance na été prise ce qui aurait été effectivement scandaleux si cela sétait avéré exact. Linsinuation est inexacte comme le montrent clairement a) les communiqués du SCPRI, b) larticle paru la veille dans Libération p 26 (voir ci dessus) ainsi que larticle ci-dessous, toujours de Libération, et situé sur la même page 27 :
" La France miraculée : Le communiqué de presse envoyé hier [le 6/5] par le ministère de lAgriculture indique quà aucun moment les hausses observées de radioactivité ont posé le moindre problème dhygiène publique ¼ Des relevés effectués tous les jours dans différents coins de lhexagone montrent, en fait, que le taux de radioactivité artificielle de latmosphère du pays a eu tendance à légèrement augmenter vers le 29-30 avril avant de décliner après le 1er mai et de redevenir normal sur lensemble du territoire dans la nuit du 5 au 6 mai¼
François Clapier un responsable de la sécurité nucléaire de lInstitut de Physique Nucléaire dOrsay précise que les mesures locales ont fait apparaître un taux radioactif de 3 à 30 Bq/m3 dair. Soulignons que cette concentration a atteint la limite légale à ne pas dépasser avant de retomber. Ce seuil très strict reste de toute façon très inoffensif pour les populations. "
Nota Cette affirmation repose sur le fait que le seuil limite légal fixé par la réglementation lest pour des personnes qui vivraient ou travailleraient en permanence dans une ambiance radioactive autre que lambiance radioactive naturelle, ce qui nest pas le cas dune population qui na été soumise quexceptionnellement (car accidentellement) et très temporairement au passage du nuage entre le 29 avril et le 5 mai
" Cette baisse continue, précisait hier le Professeur P. Pellerin, nest pas contradictoire avec le fait que nous enregistrerons une élévation retardée de la radioactivité dans certains prélèvements [due aux dépôts sur les sols et les végétaux consécutifs au passage du nuage] notamment de l iode 131 ¼ plus de 250 échantillons ont été examinés en France et 500 relevés effectués.
On a pu ainsi enregistrer entre 111 et 185 Bq / litre de lait ce qui nest pas significatif sur le plan de la santé publique. Quant aux eaux de pluie, le taux varie de 1110 à 1850 Bq / litre selon la quantité de particules radioactives de laérosol précipité par lorage "
" Les spécialistes nous assurent que ces doses restent inoffensives. Reste à sassurer que le cumul de ces particules sur plusieurs jours voire plusieurs semaines le sera tout autant et que nos voisins européens qui prennent plusieurs mesures de protection soient simplement des paranoïaques excessifs "
Dautres articles très intéressants et instructifs du même numéro du journal Libération du 7 mai sont consacrés aux dispositions prises dans dautres pays de la communauté européenne :
Sous le titre " La RFA malade du nuage " :
" Les gens nachètent plus de légumes frais, les médias et les politiques ont semé la panique ¼ au kiosque à journaux, à la une du quotidien populaire Bild, en énorme caractère " La peur de latome " " les premiers allemands fuient ".
Le chassé croisé des mesures de protection contre la radioactivité sajoute à langoisse ambiante. Fédéralisme oblige, chaque land est maître des décisions à prendre. Surviennent alors des situations ubuesques ¼ La Hesse a décidé de porter [dabaisser] unilatéralement la valeur maximale autorisée à 20 Bq / litre de lait, le ministre fédéral de la santé lavait fixé à 500 Bq / litre
Hier la ministre fédérale Rita Süssmuth a critiqué les recommandations contradictoires émises par les différents landers. Elle a toutefois annoncé un resserrement des normes pour les produits alimentaires.
La résurgence de la grande peur du nucléaire est un terrain électoral hautement profitable, non seulement pour les verts mais aussi pour une partie des socio-démocrates. Certaines voix sélèvent comme celles du gouvernement régional sarrois dOscar Lafontaine dont le gouvernement proteste contre la mise en service de la centrale de Cattenom en Lorraine "
Jeudi 8 mai
Journal Libération
Page20
Titre : " Les Grecs ont des visions dapocalypse "
" Après le retour dun très long week-end des citadins [Paque orthodoxe], lannonce dune légère augmentation de la radioactivité a résonné comme un coup de gong. Chaque habitant a retrouvé son attirail de méfiance envers tout pouvoir en place, " on nous a caché la vérité depuis le début et celle ci est bien plus angoissante quon ne lavoue"
Des communiqués laconiques de la radio et de la télévision, labsence de chiffres et une presse muette, pour cause de trêve pascale, ont alimenté les rumeurs les plus extravagantes. Le Premier Ministre Andréa Papandhréou a porté à son comble cette psychose collective en invitant la population à ne pas consommer de lait et à laver soigneusement les légumes : " mesure symbolique préventive, il ny a aucun souci à se faire " précisait le gouvernement. Plus il se voulait rassurant plus on suspectait sa bonne foi
Lors de sa reparution, mardi, la presse a su tenir à la population le langage quelle attendait : " Aliments de mort : lait, légumes et fruits ", " Un crime ; on risque de voir naître des enfants monstrueux ".
Confronté depuis sept mois à une guerre dusure des syndicats le gouvernement nest sans doute pas mécontent de voir son opinion tourner, pour un temps, vers des sujets plus planétaires et une belle occasion de moucher un parti communiste prosoviétique qui lui mène la vie dure sur le front social "
Vendredi 9 mai
Journal Libération
Page 1
Sous le titre " Informations contradictoires, Tchernobyl brûle-t-il encore ? ", un éditorial de Marc Kravetz sur le silence des autorités soviétiques :
" Le silence dans ce domaine [nucléaire] fait autant de ravage que la vérité. Tant mieux si à Moscou on comprend quil vaut mieux parler que se taire, quitte à se contredire, cest ce quon semble ignorer au SCPRI organisme parfaitement officiel dont le comportement dans toute cette affaire na, parfois, guère à envier aux appareils moscovites
Bizarrement, cest dans le pays le plus nucléarisé dEurope ¼ que les autorités, qui nont a priori rien à craindre, campent avec une exemplaire fermeté sur leur silence bétonné. Une tradition qui remonte aux grandes heures de la paranoïa dEDF face à la contestation écologique "
Page 5,
Un article dHélène Crié intitulé : " La France lanterne rouge européenne de linformation "
" Dès le début de laffaire le SCPRI sest montré peu soucieux de renseigner ceux qui sadressaient à lui. Il aurait été surprenant de voir ce service rendre publiquement et immédiatement ses informations ¼ avant dentrer en fonction ses agents prêtent serment devant un tribunal " je jure de ne rien révéler des mesures effectuées ".
Dès quil sagit dobtenir le moindre renseignement on se heurte à un mur.
Pour le nucléaire trois partenaires communiquent entre eux, rien quentre eux : les constructeurs, les exploitants et lautorité étatique..
Nota : la campagne contre le SCPRI, et surtout contre celui qui lincarne, le Professeur P. Pellerin, est réellement lancée par cet article.
Avant daccuser le Professeur Pellerin de mensonge (ce qui ne saurait tarder, voir les journaux à partir du 12/05) la critique ira crescendo. Elle débute ici sur le thème archi rabattu de la " religion du secret sans laquelle le nucléaire ne saurait exister ", dont le fondement serait selon H. Crié un terrible serment " Je jure de ne rien révéler " contraignant tous les agents au secret absolu. Présenté ainsi son argumentation ne semble devoir souffrir daucune contestation possible, elle repose sur un texte réglementaire paru JO du 15/06/1966: " les agents du SCPRI prêtent serment de ne rien révéler de leur mesures " !
Il nen est cependant rien et Hélène Crié se livre ici à scandaleuse mystification, à une manipulation monstrueuse dun texte réglementaire quelle utilise intentionnellement totalement hors de son contexte. Démontons le mécanisme de la mystification
Pour ce qui est du serment, le texte précis du décret paru au JO est le suivant :
" Article 1 : les agents du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants, chargés du contrôle et de la constatation des infractions en ce qui concerne les pollutions de tous ordres causées par des substances radioactives, sont commissionnés par arrêté du ministre des affaires sociales
Article 2 : avant dentrer en fonction, les agents du SCPRI dûment commissionnés prêtent, devant le tribunal dinstance le serment ci-après : " Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonctions et de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance à loccasion de leur exercice "
En clair, les agents du SCPRI sont tenus au secret pour ce qui concerne les contrôles et la constatation des infractions (répression des fraudes dans le domaine des pollutions radioactives), car cette activité est bien évidemment couverte par le secret de linstruction judiciaire éventuelle qui peut découler du constat des infractions relevées.
Le second domaine dans lequel les agents du SCPRI sont tenus à la confidentialité est celui de la dosimétrie individuelle des travailleurs du nucléaire.
Rappelons quen 1986 le SCPRI est le seul organisme habilité et autorisé par le Ministère de la Santé à effectuer mensuellement le dépouillement des films de contrôle et de mesure de la dosimétrie individuelle des travailleurs du nucléaire. Le SCPRI assure, à léchelle nationale et pour lensemble de ces travailleurs, la comptabilisation de cette dosimétrie individuelle.
La dosimétrie individuelle des personnes (comme tout ce qui touche aux personnes et à leur santé) est couverte par le secret médical. Seules donc peuvent avoir accès à cette comptabilité, les " personnes ayant à en connaître " cest à dire la personne intéressé elle-même, les agents du SCPRI assermentés effectuant le dépouillement et la comptabilisation nationale ainsi que le médecin du travail de lentreprise employant la personne (et non son employeur). Les agents du SCPRI sont, de ce fait, et comme tout médecin, astreints au secret pour ce qui concerne le dépouillement et la comptabilisation quils effectuent dans le cadre de la dosimétrie individuelle des personnes.
Il est donc totalement erroné et intentionnellement malveillant de faire croire que cette obligation de secret est étendue aux mesures environnementales effectuées par le SCPRI dans le cadre du suivi du nuage en provenance de Tchernobyl et des contrôles sanitaires.
Cette accusation est dautant plus absurde et monstrueuse quelle est contredite par les faits. La lecture des journaux montre que, dès les premiers jours de laccident, le SCPRI a fourni les informations dont il disposait au fur et à mesure de leur acquisition, sans rétention. Pour sen convaincre il suffit de considérer les télex envoyés quotidiennement aux autorités et aux agences de presse, les cartes émanant du SCPRI et publiées dans les journaux indiquant les zones affectées par le passage du nuage entre le 30 avril et le 5 mai ainsi que le niveau de radioactivité de lair mesuré au niveau du sol
Si certains ont pu trouver ces informations trop lapidaires, trop scientifiques, difficilement compréhensibles et inaccessibles pour le grand public il sagit dun autre problème, délicat certes, mais résultant de la difficulté de communiquer avec le grand public dans un domaine qui est complexe et qui nest réellement abordable et compréhensible que par un nombre restreint de spécialistes
Quant à accuser le Pr Pellerin de mensonge, de rétention ou de discours lénifiant, il sagit dune grave diffamation, ce qui sera effectivement jugé comme tel par les tribunaux (en particulier lors de la condamnation de M. Noël Mamère et dAntenne 2 en première instance, en appel, puis en cassation)
Au sujet des discours lénifiants quaurait tenus le Pr Pellerin en 1986, il convient de se reporter aux conclusions du rapport publié en 1999, soit treize ans après laccident, par lInstitut Français de lEnvironnement (rapport publié sous légide du Ministère de lEnvironnement et entériné, en 1999, par Mme D. Voynet alors ministre de lenvironnement). Ce rapport présente le bilan des conséquences de laccident de Tchernobyl en France et confirme tout à fait le bien fondé de lévaluation de limpact radiologique de laccident faite, en mai 1986, par le Directeur du SCPRI :
Sa conclusion générale est " quen France la dose moyenne a été limitée et, que la dose cumulée qui sera reçue par le public pendant les 50 prochaines années, sur la période 1986-2046 pour la zone la plus touchée, sera inférieure à 1,5 milli Sievert soit 1% environ de lexposition naturelle reçue pendant la même période. " (voir ci après le bilan des conséquences de laccident de Tchernobyl)
Samedi 10 mai
Communiqué du SCPRI
" Ce jour 10 mai air : retour à une activité volumique moyenne normale confirmée.
Précipitations : lactivité des pluies recueillies du 7 au 9 mai montre une très importante diminution de lactivité volumique qui nest plus en moyenne que de lordre de 20 becquerels (0,5 nanocurie) par litre.
Exposition ambiante à sa valeur habituelle [naturelle et normale] de 15 microrads par heure
Lait : la moyenne des échantillons de lait des 8 et 9 mai arrivés à ce jour est de 56 Bq par litre
Journal Libération
Page 13, un article signé Hélène Crié :
" Les verts français ont réclamé hier la démission du chef du SCPRI accusé de rétention dinformation, lui reprochant une rétention notoire dinformation et une mauvaise volonté à donner des explications techniques. Pierre Pellerin reste calme : " laffolement européen la panique - voire lhystérie - ne correspondent pas à la réalité ¼ aucune activité significative pour la santé publique ", certitude contestée par les verts "
Sur quelles bases repose cette contestation ? Larticle ne le dit pas. Suit un article sur la politique préconisée par les verts :
" ¼ arrêter la mise en service des nouveaux réacteurs, abandonner les nouveaux chantiers, arrêter les unités les plus dangereuses (SuperPhénix et La Hague) engager un programme déconomie dénergie et remplacer progressivement les centrales nucléaires par de nouveaux moyens de production.
Compte tenu de la rapidité de la mise en uvre de cette politique on peut raisonnablement tabler sur le fait que le 1/01/2000 la France naura plus de centrales nucléaires en fonctionnement "...
1-2 La période à partir du lundi 12 mai
lundi 12 mai
Communiqué du SCPRI
Vent de sud-est, niveau moyen dactivité équivalent à celui du 11 mai.
La baisse dactivité du lait se poursuit. Moyenne nationale :
-Iode 131 : 70 Bq par litre
-Césium : 17 Bq par litre
Examen de 11 personnes de retour dURSS le 12 mai, aucune ne présentait dactivité significative.
Journal Libération
page 1
Gros titre à la une :
" LE MENSONGE NUCLEAIRE "
en sous titre :
" Les pouvoirs publics en France ont menti, le nuage de Tchernobyl a bien survolé une partie de la France, le Pr Pellerin en a fait laveu deux semaines après laccident nucléaire "
En appui à ce titre, les articles suivants :
page 2,
Le titre " La France, du silence actif au mensonge radioactif "
" Il a fallu attendre en réalité quinze jours pour connaître les premiers résultats chiffrés des différents taux dactivité ¼ aux alentours du 30 avril on nous affirme que laérosol maudit sest arrêté à Monaco ¼ Le SCPRI communique quaucune élévation significative de la radioactivité na été constatée sur le territoire par lensemble de ses stations ¼ "
¼ Rétention dinformation, déformations, contradictions, les autorités ne nous auront rien épargné. Cela tient autant aux faibles moyens du SCPRI quà la culture même que cette communauté datomistes engendre : une culture du secret due aux traditions militaires que certains organismes se sont appliqués à développer ¼ cette tradition de grande muette simpose jusque dans les règlements (décret 66-406 en date du 15/06/1966)
Nota :
voir sur ce point particulier du décret du 15/06/66 le commentaire ci-dessus à propos de larticle de H.Crié (page 5 - Libération du 9/05).Léditorial :
" Peut être en va-t-il politiquement des catastrophes nucléaires comme des radiations, elles agissent à retardement.
Du moins faut-il lespérer si on ne veut pas que lentourloupe grave dont le Gouvernement français sest rendu coupable à légard de lopinion reste impuni. Celui-ci, depuis une semaine, na pas seulement caché des vérités gênantes, il a délibérément menti, en tout cas fait mentir des administrations plus que consentantes. Les raisons du silence, puis des mensonges, ont été déjà pointées : le lobby agricole saccouplant, dans une position bizarre, avec les intérêts nucléaires et communiant dans le statu quo régalien.
Il existe un consensus dans la classe politique française, et encore plus dans ladministration, dont le triste Pellerin est un merveilleux exemple, pour minorer linformation pour mieux minorer le citoyen.
La " panique " éventuelle ; en loccurrence, a bon dos pour justifier les combines, cest le manteau de vertu dont les menteurs aiment à recouvrir leurs esquives ; labsoute auto-administrée des truqueurs, la preuve en est toute bête : dans aucun pays de lEurope occidentale où les gouvernements ont osé dire la vérité on n'a détecté la moindre panique. "
Nota 1: ces articles, dune rare violence, sont en complète contradiction avec ce que Libération même écrivait dès les premiers jours de mai, quon en juge :
-Le 2 mai : " à Monaco on a enregistré des traces de particules peu fréquentables dans latmosphère, minimes ne présentant aucun danger¼ puis finalement, cela a été le tour de la France "
-Toujours le 2 mai : " Pierre Pellerin a annoncé hier [donc le 1er mai jour férié, sans journaux] que laugmentation de la radioactivité était enregistrée sur lensemble du territoire sans aucun danger pour la santé "
Nota 2 : le paragraphe sur la panique est lui aussi en complète contradiction avec ce que Libération (et dautres journaux) ont rapporté de ce qui sétait passé en Italie, en Grèce ou dans certains landers allemands par exemple.
Selon les besoins de ses démonstrations le journal Libération affirme, sur différents sujets, tout et son contraire. Pour sen convaincre, voir ci-après (et dans le même numéro à la page 6 ), larticle traitant des réactions à létranger et les motivations qui ont conduit certains pays à prendre des mesures restrictives ou dinterdiction.
Page 4
En complète contradiction avec les accusations de léditorial de la page 2, sont présentés sur cette page des
cartes et des tableaux publiés par le SCPRI dès le 7 mai et indiquant :- jour par jour entre le 30/4, jour de son arrivée et le 5/5 jour de sa disparition,
lemplacement et létendue du nuage
- les concentrations de liode dans le lait, région par région
- la radioactivité du sol
- les limites dabsorption annuelle pour les éléments véhiculés par le nuage : liode, le césium, le strontium et le ruthénium
Ces cartes et tableaux saccompagnent darticles et commentaires circonstanciés contrastant avec la tonalité outrancière des autres articles du même jour, les rendant même dérisoires pour qui tente de les rapprocher :
" En faisant les hypothèses les plus pessimistes, un individu ayant bu un litre de lait par jour pendant 12 jours, parmi les plus radioactifs, aurait ingéré 8640 Bq soit moins du dixième de la limite annuelle (100.000 Bq)
Sous le titre " Un risque à double détente " un article de Gilles Pial :
" Pour la plupart des médecins nucléaires [comprendre radiologues, radiothérapeutes¼ et non le " lobby nucléaire "] les mesures prises dans certains pays européens concernant limportation de produits alimentaires sont " purement politiques et sans aucune commune mesure avec la réalité médicale et les risques éventuels ". Une réalité bien difficile à appréhender au vue de lincroyable suite de non dits et de données fragmentaires, voire franchement contradictoires, qui ont submergé les Français¼ Il semble que ce soit essentiellement de liode 131 et un peu de césium qui planent au-dessus de nos têtes
Leurs effets dépendent dun certain seuil qui, daprès les données disponibles ; nest pas atteint dans lhexagone
Même dans les pays scandinaves, la radioactivité naurait pas dépassé, quelques heures après la catastrophe, une poignée de millirads, doses minimes qui peuvent être comparées à une radiographie des poumons (2 millirads) ou à une semaine de ski à 2000 m (20 miilirads)
Au-delà viennent les effets aléatoires différés dans le temps. Riches en incertitudes et objet de bien des phantasmes, ces effets (mutations génétiques, cancers¼ ) sont proportionnels à la dose dirradiation, les doses se cumulant dans le temps.
Toute dose dirradiation, quelle soit naturelle ou accidentelle constitue un risque de cancer. Risque difficilement appréciable statistiquement vue lincertitude du lien entre la cause et leffet, le caractère pluri-factoriel de la plupart des cancers et la latence dapparition de ces maladies (20 à 30 ans)
En tout état de cause, la responsabilité dun tel accident nucléaire dans la multiplication des cancers ne pourra jamais être établie et les mesures prises afin dendiguer les effets - éventuels - de la radioactivité semblent pour le moins discutables ¼
¼ La proscription de leau ou des produits laitiers suspects de radioactivité peut avoir bien des inconvénients pratiques¼ Cette dernière mesure nest en fait souhaitable que si le niveau de la radioactivité se situe au-delà dun certain seuil qui ne semble pas atteint à nos frontières.
page 6
Titre " cacophonie pour lEurope atomisée ". Il est intéressant de rapprocher cet article de laffirmation de léditorial ci-dessus à propos de leffet de panique et dapprécier les motivations qui ont conduit chaque pays à prendre telle ou telle décision ou position
" Samedi soir un accord semblait se profiler entre les douzes pour interdire jusquau 31 mai toute importation de produits agricoles en provenance des pays de lEst¼ mais dès hier matin Rome démentait. Sa position aurait été hâtivement interprétée.
En fait les Italiens ne veulent pas dune décision commune par rapport aux pays de lEst tant que le différent sur la circulation des produits européens à lintérieur du marché commun et sur les prix agricoles nest pas réglé.
Rome craint que Tchernobyl serve de prétexte à une guerre commerciale et veut imposer, notamment à lAllemagne, plus de souplesse dans les normes qui établissent le niveau dangereux de radioactivité des fruits et légumes.
La réglementation allemande -relativement mitigée pour le lait dont la RFA est un grand producteur- est plus sévère pour les fruits et légumes, les Italiens produisant près de la moitié des fruits et légumes de la CEE. Ils ne veulent pas faire de cadeaux ultérieurs à leur concurrents espagnols qui ont déjà tiré profit du scandale des vins frelatés italiens
En RFA :
" Le gouvernement de Hesse a décidé dimposer seul des normes de contamination contrairement à lavis de la Commission Contre les Radiations qui ne les jugeait pas nécessaire "
" Des Allemandes de lOuest se font avorter par peur des effets sur leurs enfants. Le phénomène paraît suffisamment important pour que le Ministère de la Santé ait dénoncé les médecins qui ont conseillé " une mesure qui ne se justifie nullement " ".
En réponse à cette interrogation (hélas à posteriori), les spécialistes font remarquer que statistiquement peu dembryons anormaux donnant naissance à un enfant anormal arrivent à terme. Si en occident laccident de Tchernobyl avait été la cause danomalies sur des enfants en gestation, par rapport au nombre de naissances arrivées normalement à terme on aurait du constater une très importante augmentation corrélative des cas de fausses couches (naturelles, non provoquées) parmi les femmes ayant porté des embryons anormaux pendant et après laccident.
Aucune augmentation de cette nature a été constatée, ce qui montre que laccident, en Allemagne, na pas été à lorigine danomalies statistiquement décelables.
En Grèce :
" La Commission de lÉnergie Nucléaire a annoncé samedi que le niveau de radioactivité était redevenu " presque normal ". Ces déclarations ont pour objectif de calmer la panique que continue à entretenir dans la population une partie de la presse nationale ". (Voir également, ci dessus, Libération du 8 / 05 et larticle sur la situation politique de la Grèce et lutilisation médiatique faite de laccident de Tchernobyl pour contrebalancer linfluence des syndicats et du Parti Communisme)
Il y a donc une incohérence certaine entre les différents articles de Libération sur le fait de savoir sil y eut ou non panique et sur le caractère fondé ou artificiellement provoqué des différentes sortes de panique selon les pays.
2 La perpétuation et lutilisation du mythe
Fin mai 1986, pour les opposants au nucléaire, la cause est entendue, " la messe est dite " : les autorités françaises, les administrations de tutelle et de surveillance, les services publics tous amalgamés sous létiquette " lobby nucléaire " sont complices et ont failli, mensonges, manipulations, dissimulation...
Le lobby, le Pr Pellerin en tête, a berné lopinion. Leur discrédit doit être total et seul désormais ne peuvent être crédibles que les organismes sautoproclamant " indépendants " et, en premier lieu, la CRIIRAD justement crée à cette occasion,
Cest lhallali, le SCPRI et son Directeur sont totalement disqualifiés.
Les exploitants des centrales nucléaires sont guère mieux lotis, ils font partie de la conspiration. Le nucléaire, certainement lindustrie la plus surveillée, la plus exposée aux critiques et la plus médiatisée, est présentée comme le symbole de lopacité, du secret et du mensonge permanent.
A lexception de quelques téméraires le monde politique, plutôt discret, est resté à labri derrière les coupables désignés que sont le " lobby nucléaire " et le professeur Pellerin.
Pour les plus extrêmes des opposants le discours sest radicalisé. Il est simple, expéditif, sans appel : le " lobby nucléaire " et ses " valets " ont " poussé le cynisme " jusquà dissimuler et nier limpact sanitaire de laccident afin de préserver leur industrie et poursuivre leurs folles " activités criminelles ". Toujours le secret et le mensonge.
Seule ne peut désormais être crédible quune information émanant dun organisme se déclarant " indépendant ", le critère dindépendance étant essentiellement lopposition active au nucléaire. Au premier rang de ces organismes indépendants la toute nouvelle CRIIRAD présidée par Mme Michèle Rivasi, créée en réaction au " mensonge des autorités ", et magistralement promue par les articles de Libération signés Hélène Crié.
Après lhallali ce fut la curée, certains parleront de lynchage médiatique.
Il y eut bien quelques démentis officiels, bien timides compte tenu du prix politique à payer lorsquon essaie daller à contre courant et quon sécarte du sillage dune " vérité " communément admise.
Parmi les quelques tentatives de démenti, celle de Monsieur Roger FAUROUX, alors Ministre de lIndustrie et de lAménagement du Territoire. Quatre ans après laccident, le 9 mai 1990 et suite à linterpellation du Gouvernement par M. le Député François PATRIAT qui reprenait les accusations de dissimulation et de silence proférées vis à vis du SCPRI et de son Directeur le Professeur PELLERIN, sa réponse à linterpellation fut la suivante :
" Vous avez fait allusion à ce qui sest passé en France au moment de laccident de Tchernobyl. Je dois préciser, parce quil y a, me semble t-il, une légende noire quil importe dexorciser, quau cours du fameux week-end du 1er mai 1986, le Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants a donné, heure par heure, aux populations des informations concernant le passage du nuage radioactif.
Jai là une chronologie, que je tiens à la disposition des membres de cette Assemblée, qui indique que rien na été dissimulé. (Extrait de la Publication de lInstitut Français de lEnvironnement, Édition de la découverte)
Cependant rien ny fit, fondamentalement pour lopinion publique rien nest venu ébranler sa conviction selon laquelle on lui avait dissimulé la vérité et menti.
Les procès en diffamation intentés par le Pr Pellerin contre ceux qui continuent de laccuser ne parviendront pas à modifier cette conviction ni à rétablir la vérité sur lancien directeur du SCPRI. Les raisons majeures en sont labsence de publicité accordée aux jugements rendus (par exemple les condamnations de N. Mamère n'ont pas reçu tellement de publicité) et surtout la poursuite, dans certains médias, de laffirmation selon laquelle on a bien cherché en France, en 1986 et après, à minimiser limpact de laccident, à nier, à mentir et à dissimuler la vérité.
3- Les procès en diffamation intentés par le P Pellerin
3-1 Le procès contre les auteurs du livre " Ce nucléaire quon nous cache "
Avant daborder le procès intenté à M. Mamère, il convient de rappeler le procès en diffamation intenté en 1999 par le Pr Pellerin contre Mme Michèle Rivasi, Présidente de la CRIIRAD, et la journaliste Hélène Crié, auteurs du livre " Ce nucléaire quon nous cache ". Dans ce livre, elles affirment que le Pr Pellerin a menti en niant le survol de la France par le nuage de Tchernobyl et quil a dissimulé la contamination du territoire français.
En décembre 1999, selon Mmes Rivasi et Crié, le Pr Pellerin aurait " perdu " son procès en diffamation accréditant un peu plus lidée quelles seules détiennent la vérité, quil a bien menti et dissimulé.
La réalité est notoirement différente. La plainte en diffamation déposée par le Pr Pellerin a été jugée irrecevable par la chambre de la presse du tribunal de Paris car ce tribunal a estimé que le Pr Pellerin avait été visé en qualité de fonctionnaire de lÉtat et que son action aurait, de ce fait, du être exercée non devant la chambre de la presse du tribunal de Paris mais devant un tribunal correctionnel seul compétent pour juger de ce type daffaire
Ce procès qualifié de" perdu " a bien évidemment été présenté comme une victoire par Mme Rivasi et Mme Crié. Cette victoire est bien maigre voire amère car le tribunal présidé par Mme Martine Ract-Madoux a, malgré tout mais très clairement, expliqué dans ses attendus que " limputation davoir menti était bien diffamatoire vis-à-vis dun responsable de la protection de lenvironnement contre la radioactivité " (Référence : dépêche AFP 091228 du 09/12/1999
3-2 Condamnation M. Mamère par le tribunal correctionnel de Paris
Le 23 octobre 1999, au cours de lémission de télévision " Tout le monde en parle " sur France 2, Noël. Mamère avait traité le P Pellerin de " sinistre personnage " " qui narrêtait pas de nous raconter que la France était tellement forte, complexe dAstérix, que le nuage de Tchernobyl navait pas franchi nos frontières ". Il reprenait en cela laccusation portée depuis treize ans par les médias et les Verts contre P. Pellerin.
Instruit par ses déboires précédents, le Pr Pellerin intente une action en diffamation contre M N. Mamère et France 2 et cette fois-ci devant le tribunal correctionnel de Paris.
Le mercredi 11 octobre 2000 Noël Mamère et France 2 sont condamnés par la dix-septième chambre du tribunal correctionnel de Paris pour " diffamation " à lencontre de Pierre Pellerin, ancien Directeur du SCPRI
Le tribunal a jugé quil était " incontestablement diffamatoire dimputer au Pr Pellerin davoir donné sciemment des informations inexactes " et a estimé que " M. Mamère avait parlé sans prudence, et non sans une certaine animosité ".
Le tribunal souligne que le Pr Pellerin avait bien transmis périodiquement, et dès lannonce de laccident, des communiqués scientifiques tout en soulignant le caractère inoffensif de lélévation passagère mesurée de la radioactivité.
Noël Mamère et Marc Tessier, Président de France 2 ont été condamnés à 10.000 F damende chacun et, solidairement, à verser 50.000 F de dommages et intérêts à P. Pellerin.
Le Président de France 2 a été condamné car lémission ayant été enregistrée (et non diffusée en direct) il aurait du faire vérifier la teneur et lexactitude des informations diffusées.
N. Mamère et France 2 ont immédiatement fait appel de ce jugement.
3-4 Compte rendu de la condamnation en appel de M. Mamère dans la presse
Il nest pas très surprenant de ne trouver aucune allusion à la condamnation de M N. Mamère dans le Journal Libération qui fut le principal artisan de la propagation de la rumeur du " nuage qui se serait arrêté aux frontières ", ni le 12 octobre 2000, lendemain du rendu du premier jugement, ni les jours suivants.
Par contre, extraordinaire coïncidence sans nul doute, le journal Libération de ce même 12 octobre 2000, page 50, à la rubrique télévision et sous le titre TOXIC AFFAIRE, présentait un documentaire programmé le soir même sur France 3 et intitulé " Tchernobyl, autopsie dun nuage ". La présentation de ce documentaire était la suivante :
" France 3 inaugure avec " Tchernobyl, autopsie dun nuage " une nouvelle série qui marque le retour du journalisme dinvestigation. La nouvelle case documentaire " Passé sous silence " à laquelle appartient ce reportage, diffusé une fois par mois, ouvre une collection axée sur lhistoire des trente dernières années. Le scandale du mois, ce sont les conséquences du nuage de Tchernobyl en France Contrairement aux autres pays européens, la France affirme que le nuage sest arrêté à ses frontières et ne prend aucune mesure sanitaire ".
Le télescopage entre le silence du journal au sujet du compte rendu du jugement condamnant M. Mamère pour diffamation et la présentation du reportage de France 3 sur le " nuage qui sest arrêté aux frontières " méritait dêtre souligné !
Le Monde daté du 14 octobre 2000 donne, en page 16, un compte rendu sobre de la condamnation. Il y est indiqué que " M Mamère, qui a annoncé son intention de faire appel, sest vu refuser le bénéfice de la bonne foi et lexcuse de lhumour ".
Page 38 de ce même numéro du Monde, dans un article intitulé " Fais-nous peur ", Luc Rosenzweig fait la critique du reportage de France 3 du 12 octobre " Autopsie dun nuage ". Y sont critiqués lexcès de sensationnel, lemploi de grands mots effrayants, la pratique consistant à " muscler " le documentaire pour le rendre plus efficace et le pouvoir de nuisance des images ou du récit télévisuel qui en résulte. On y trouve également mot pour mot, et ce malgré la condamnation toute récente de son caractère diffamatoire, linévitable rumeur hélas devenue vérité universelle : " On se souvient de la langue de bois, à lépoque, des responsables français de la sûreté nucléaire, qui voulaient nous faire croire que le nuage radioactif considérait les frontières de lHexagone comme infranchissables ".
Décidément, on retrouve, presque au mot près, la fameuse phrase qui valut à N. Mamère dêtre condamné pour propos diffamatoires deux jours plus tôt !
3-3 La condamnation de M Mamère en appel
Le 3 octobre 2001 la Cour dAppel de Paris confirmait la condamnation de M Noël Mamère pour diffamation envers le Pr Pellerin, ancien directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants.
Largumentation de la Cour est le suivant : " M. Mamère impute donc au Professeur Pellerin, davoir menti aux journalistes quant au survol de la France par le nuage radioactif, alors quil ressort du dossier que celui-ci na jamais tenu de tels propos, et que sa position était de dire que le taux de radioactivité avait augmenté en France ce qui signifiait forcément que le pays avait été survolé mais que cette augmentation naurait aucune conséquence néfaste sur la santé publique, ce qui na toujours pas été réfuté avec certitude. "
La Cour confirme que " imputer au Pr Pellerin davoir, en tant que spécialiste des problèmes de radioactivité, donné, en connaissance de cause, des informations erronées voire mensongères quant à un problème grave tel que la catastrophe de Tchernobyl qui pouvait avoir des incidences sur la santé des français, constitue incontestablement une atteinte à lhonneur et à la considération de la partie civile et est par conséquent diffamatoire ".
La cour ajoute, concernant les propos de M. Mamère, que " le caractère péremptoire des affirmations et leurs caractéristiques péjoratives révèlent chez le prévenu un manque de modération dans les propos qui lui interdit de bénéficier de lexcuse de la bonne foi " et de lhumour sans doute car " Le fait que les propos de M. Mamère ...aient une tonalité humoristique, ne leur enlève pas leur caractère diffamatoire et il nest pas contraire à larticle 10 de la Convention des droits de lhomme de leur reconnaître cette caractéristique. "
Au lendemain de ce jugement de la Cour dappel confirmant sa condamnation en première instance, M. Mamère navait pas craint de déclarer quil voyait là " la preuve que le lobby nucléaire est puissant et a des réseaux influents jusque dans le personnel de la justice. Cest un règlement de compte politique, une atteinte à la liberté dexpression "
Nest vraiment pas E Zola qui veut !
Il indiquait son intention de se pourvoir en cassation et de faire du jugement de la cour dappel une affaire politique, ce qui était normal pour le candidat à lélection présidentielle de 2002 quil deviendra quelques temps après.
3-5 Condamnation de M. N. Mamère par la cour de cassation
Par jugement du 22 octobre 2002, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi en cassation formé par M. N. Mamère et par M. Tessier président dAntenne 2 contre larrêt du 3 octobre 2001 de la Cour dappel de Paris qui les condamnait pour " diffamation envers un fonctionnaire public ".
La Cour de cassation estime que la Cour dappel avait " exactement apprécié le sens et la portée des propos incriminés dans la citation et a, à bon droit, refusé aux prévenus le bénéfice de la bonne foi, après avoir retenu, sans méconnaître les dispositions de larticle 10 de la Convention européenne des droits de lhomme, que ces propos caractérisaient des faits de diffamation. "
Finalement une réhabilitation pour le Professeur Pellerin, après seize années de lynchage médiatique et de lâchage quasi général de la part du monde politique, hormis quelques rares exceptions.
4 Bilan des conséquences sanitaires de Tchernobyl en France
Il existe une multitude de publications sur limpact sanitaire actuel, constaté, et sur les conséquences prévisibles sur le long terme de laccident de Tchernobyl.
Pour ce qui concerne limpact en France, celui constaté et celui prévisible et pour estimer si en 1986 le Pr Pellerin était dans lerreur en estimant inoffensives les retombées sur le sol français, on se référera ci-dessous au bilan établi par lInstitut de Protection et de Sûreté Nucléaire (IPSN) publié en 1999, soit 13 ans après laccident
LIPSN est un institut dépendant directement du Ministère de lEnvironnement, à la date de la publication de ce rapport, Mme Dominique Voynet était Ministre de lEnvironnement, elle en a validé les conclusions (référence : Rapport " Lenvironnement en France 1999 ", page 262 et suivantes, publié par lInstitut Français de lEnvironnement, édition La Découverte)
Ce bilan est fondé sur lensemble des prélèvements et des mesures de radioactivité : air, eau, lait, produits agricoles et naturels, etc... effectués depuis 1986. Toutes les mesures ont été prises en compte, celles dites " officielles " et celles des organismes dits " indépendant" dont la CRIIRAD.
En dehors des données chiffrées contenues dans ce rapport, les principales conclusions relatives à laccident de Tchernobyl sont les suivantes :
" Des masses dair contaminées ont survolé la France entre le 30 avril et le 1er mai, la zone la plus touchée sétend à lEst dune ligne reliant le Gard à la Moselle.
Les espaces présentant les plus fortes contaminations en césium 137 sont les alpages des massifs montagneux (Jura, Vosges, Alpes) et les forêts qui ne voient jamais leurs sols retournés. Dans les espaces les plus touchés lactivité des produits forestiers, champignons et gibier, lactivité peut dépasser 2000 Bq par kg (pour une limite dimportation dans lUnion Européenne de 600 Bq/kg).
La CRIIRAD aurait trouvé dans larc alpin entre 1500 et 2800 m des activités supérieures à 10.000 Bq/kg [de matière sèche, ce qui nest pas précisé dans le rapport].
Selon lIPSN une personne habitant dans la partie la plus contaminée, cest à dire dans lEst de la France, a reçu une dose située entre 0,1 et 0,4 milli Sievert en 1986 et une dose totale de 0,3 à1,2 milli Sievert entre 1986 et1997.
Si on considère le cas extrême dun garde forestier ne mangeant que des champignons et du gibier, lIPSN a calculé la dose administrée, soit 1,5 milli Sievert en 1986 et 1 mili Sievert entre 1986 et 1997 [soit 12 années]. La réglementation fixe la limite de dose actuelle [pour la population] à 5 milli Sievert par an.
La conclusion générale du rapport est : " quen France la dose moyenne a été limitée et, selon le modèle utilisé, [logiciel ASTRAL : Assistance Technique en Radioprotection Post-Accidentelle], la dose moyenne reçue cumulée sur la période 1986-2046 [donc pendant 60 ans] pour la zone la plus touchée sera inférieure à 1,5 milli Sievert soit 1% environ de lexposition naturelle qui sera reçue pendant la même période. "
5- Quelques réflexions sur laffaire du " Nuage "
Il apparaît quen 1986, au moment de laccident, le SCPRI a très correctement effectué son travail danalyse et dalerte et que les estimations de limpact du passage du nuage ainsi que celle de la nocivité des dépôts laissés suite au passage du nuage nont pas été sous estimées en fonction de ce qui était observable et mesurable en temps réel durant le passage du nuage.
Si un reproche doit être fait, le reproche ne peut concerner ceux qui en temps réel avaient à effectuer dans les laboratoires du SCPRI et dans lurgence le maximum de prélèvements, de comptages dactivité faibles, danalyse et de publications des résultats. Il sagissait dun travail colossal mené avec diligence et avec la plus extrême rigueur.
Toutes les informations dont disposait le SCPRI ont été immédiatement communiquées aux autorités, les documents transmis au jour le jour ainsi que la déclaration du ministre M Fauroux devant lAssemblée Nationale en fait foi. Ces informations ont également été largement transmises aux médias qui nen ont dailleurs pas tous et toujours fait lusage attendu.
Par contre lÉtat et le monde politique se sont montrés bien frileux et discrets. Ils ont laissé les scientifiques et les techniciens seuls, en première ligne. Sauf quelques exceptions (Alain Madelin et Michèle Barzac lors de laccident, Roger Fauroux ultérieurement).
Peu sinon rien na été fait pour démentir les propos diffamatoires proférés à lencontre des fonctionnaires de lÉtat dont lhonneur et la probité avaient été (et continuent dêtre) malmenées.
En réalité ce qui na pas été pardonné au Pr Pellerin cest davoir gâché loccasion que laccident de Tchernobyl offrait aux opposants au nucléaire de provoquer un mouvement dopinion radical de rejet immédiat, catégorique et définitif de lénergie nucléaire, à linstar de ce qui sest passé dans dautres pays plus touchés par les retombées.
Ce qui ne lui a également pas été pardonné, cest davoir participé à lélaboration des positions fermes affichées par les autorités et le gouvernement, en particulier celles affirmées dans les deux communiqués de presse du 16 mai 1986 du ministre chargé de la Santé et de la Famille Mme Michèle Barzach :
Le premier communiqué :
" A la suite de laccident survenu à Tchernobyl, le ministre rappelle et confirme ce qui suit :
La santé publique nest aucunement menacée par les conséquences de cet accident.
Les activités courantes peuvent donc être poursuivies sans précautions particulières, notamment :
Alimentation : les eaux habituellement potables, le lait, les produits alimentaires frais ou de conserve peuvent être consommés quel que soit lâge du consommateur
Activités en plein air : elles peuvent être menées sans modification.
Aucune précaution particulière ne simpose donc "
Le second communiqué :
" le ministre a été saisi de certaines inquiétudes de femmes enceintes qui craignent pour leur enfant à naître.
Le ministre de la Santé tient à confirmer que de telles inquiétudes sont totalement injustifiées et sans aucun fondement scientifique, ni médical.
Le déroulement des grossesses en cours ne nécessite aujourdhui, à ce titre, absolument aucune précaution particulière. "
Par la suite les opposants au nucléaire se sont employés à récupérer la situation à leur profit en inventant puis en assurant la promotion dune formule quauraient prétendument prononcé les autorités sur " larrêt du nuage aux frontières ". Cest un coup de bluff de génie qui a jeté le discrédit sur le nucléaire et sur ses autorités de tutelle et de surveillance.
Dans la continuité et la perpétuation du mythe " du mensonge nucléaire " les derniers développements de la campagne débutée en mai 1986 sont :
Les ministres de la Santé, B. Kouchner et de lEnvironnement, Y. Cochet ont confié à un groupe de travail animé par le Pr Aurengo, chef du Service de Médecine Nucléaire à la Pitié-Salpêtrière la mise au clair des divergences dinterprétation entre les mesures effectuées par les différents organismes.
Résultats dans X mois de toutes façons, après les élections du printemps 2002. Lauteur de ce document a vainement cherché le rapport officiel qui devait résulter de ce groupe de travail. Si par contre on se réfère aux nombreuses publications médicales sur le thème des cancers de la thyroïde (registres des cancers, Académie de Médecine, Ordre National des Médecins, Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets des Rayonnements Ionisants ) aucune pour la France na mis en évidence une augmentation imputable à laccident de Tchernobyl. Laugmentation des cancers de la thyroïde et des dysfonctionnements thyroïdaux a été observée bien avant laccident, il sagit dune variation linéaire qui montre ni inflexion ni variation brutale après laccident. Bien évidemment il en va tout à fait autrement en Ukraine et surtout en Biélo-Russie en particulier pour les enfants en bas âge au moment de laccident. Il est à signaler que les spécialistes français qui soignent ces enfants partagent ces conclusions.
En attendant, le mythe et le mensonge continuent de se très bien porter.
Il est toutefois à noter, sans doute suite à la condamnation de N. Mamère que le Pr Pellerin nest plus la cible directe et désignée, tant dans les dépôts de plainte que dans les critiques des anti-nucléaires. La prudence prévaut donc.
Maintenant le " responsable " désigné est plus flou, plus anonyme cest lÉtat, ceux qui lincarnaient à lépoque, le "lobby"...