TEL EST PRIS QUI CROYAIT PRENDRE

 

A propos du nuage qui s'arrête à la frontière et de

Brigitte Simonetta, présentatrice météo sur France 3, le mardi 29 avril 1986

 

EMISSION sur TCHERNOBYL diffusée sur M6 le 12 12 03

 

 

Document rédigé le 17/12/03

 

 

Certains ont été surpris récemment lors d'une émission de télévision au sujet de l'accident de Tchernobyl, de voir un "STOP" sur la carte de France à la frontière franco-allemande et se sont demandé quel canular antinucléaire avait encore pu être imaginé.

Il s’agit de l'émission de M6 "Tchernobyl, le Mensonge Français - la Loi du Silence" du 12 décembre 2002, reprise le 26 juillet 2003, dans la série " Secrets d’Actualité " de cette chaîne.

Cette émission est franchement antinucléaire et particulièrement désagréable pour les autorités de l'époque, notamment le Professeur Pierre Pellerin, alors Directeur du Service Central de Protection contre les Radiations Ionisantes (SCPRI). Ce dernier est accusé, à tort, d'être à l'origine de mensonges, de fausses informations sur le passage sur la France du nuage de Tchernobyl, et par extension sur les risques réels de ce passage, accusations reprises en choeur périodiquement par les médias.

Toutefois, juste retour des choses, l'émission de M6 contribue involontairement à rétablir la vérité et mettre une fois de plus le Pr. Pellerin hors de cause.

L'émission montre Brigitte Simonetta, la sympathique présentatrice météo de France 3 qui, au soir du mardi 29 avril 1986, (soit trois jours après l'accident), explique que l'anticyclone des Açores en se développant, protègera la France jusqu'au 2 mai du nuage qui avance vers l'Europe de l'ouest. Animée de bons sentiments, elle veut apaiser les frayeurs qui se propagent depuis la veille où des informations inquiétantes, notamment en provenance des pays scandinaves, commencent à se répandre.

Pour que l'information sur la protection de l'anticyclone soit la plus claire possible, elle place un "Stop" sur la carte de France pour les téléspectateurs. Hélas, le vent tournera le lendemain et les détecteurs, dans la nuit du 30 avril ou les 1er et 2 mai selon les endroits, se déclanchent : le nuage passe bien sur la France.

Le Pr. Pellerin, au SCPRI, est averti le lundi 28 avril vers 13 heures par ses collègues suédois qu'un nuage radioactif en provenance de Russie a gagné leur pays. La station SCPRI de Nice l'informe d'une radioactivité élevée à 18 heures le mercredi 30 avril 1986. Après les vérifications nécessaires, il avertit le mercredi 30 à minuit par télex ses Autorités de tutelle et la presse, par le communiqué que l'on connaît, sur le passage du nuage et l'absence de risque sur la santé pour la population.

Le réseau de balises qui avait été installé sur le territoire par le SCPRI confirment l’élévation de la radioactivité dans le courant de la nuit et le 1er mai.

Le "coup" du "nuage qui s'arrête aux frontières" vient donc bien du journal Météo sur France 3 le 29 avril 1986, comme le rappelle l'émission de M6. Après le week-end du 1er Mai, Libération le 2 mai sous le titre "Le Choc du Nuage" reconnaît d'ailleurs que "le Pr. Pellerin a signalé le 1er mai que l'augmentation de la radioactivité était enregistrée sur l'ensemble du territoire, sans aucun danger pour la santé". Le même journal annoncera sans vergogne le 12 mai à ses lecteurs sous le titre "Le Mensonge Radioactif" : : soussigné étaitdu Service Central de Protection contre les Radiations Ionisantes (SCPRI)�"les Pouvoirs Publics en France ont menti, le nuage a bien traversé une partie de l'Hexagone, le Pr. Pellerin en a fait l'aveu deux semaines après l'accident nucléaire" (Sic !).

Ce décompte chronologique montre la responsabilité et l'imprudence du service Météo de France 3 dans les annonces qui ont été faites au public, mais surtout la manipulation cynique qui a été faite ensuite par des militants et d'autres médias en faisant, contre toute vraisemblance, porter cette responsabilité par le Pr Pellerin.

Il est piquant de voir pour une fois des médias, pas toujours objectifs sur ce sujet, contribuer cette fois, à leur insu, à rétablir la vérité.

Pour mémoire, l'accident de Tchernobyl s'est passé le samedi 26 avril 1986 à 1h23 du matin, heure russe, soit en fin de soirée du vendredi, heure de l'Europe de l'ouest, et ce n'est que le lundi 28 au matin que l'on a réalisé qu'un accident s'était produit en Russie, ce pays étant jusqu'à ce moment muet sur la question. Ce n’est en effet que tôt dans la journée du 28 que la radioactivité a été détectée en Suède, et ensuite dans la soirée du 28 avril que la télévision soviétique a fait état pour la première fois d’un accident sur l’un des réacteurs de Tchernobyl.

Le lundi 28 avait lieu à Oskarshamn en Suède l'inauguration du CLAB, stockage centralisé souterrain de combustibles usés en piscine, pour lequel SGN était Architecte Industriel avec les Suédois pour le compte de la société SKB, chargée du cycle du combustible pour la Suède. Le responsable du chantier côté SGN était M. Mouroux, aujourd'hui PDG de SGN. Avec deux ou trois collègues, j'étais chargé de représenter notre Président (de SGN), retenu ce jour-là et nous partîmes en avion privé, heureux de l'occasion, nous envolant pour la Suède.

Nos amis suédois à notre arrivée en fin de matinée nous ont prévenus d'une "radioactivité inconnue en provenance de Russie" et nous ont recommandé de nous abriter de préférence à l'intérieur des bâtiments de réception pour nous en protéger. La Ministre Birgit....., antinucléaire notoire, s'efforça de faire le discours de rigueur, nous visitâmes les lieux souterrains, à l'abri des radiations, et reprîmes notre avion satisfaits, pour apprendre le lendemain à notre arrivée en France l'effervescence sur l'Europe dont nous avions eu la primeur la veille en Suède.

 

Michel Lung, ex-directeur à SGN