De: "Roland Masse" Objet: Cardiomyopathie au Cs 137 Date: jeudi 27 avril 2006 Chers Amis, J'ai rŽagi ˆ une demande de Guezenec du groupe Yahoo, concernant les cardiomyopathies au cŽsium de la manire suivante : RM La question Žtait : 'J'enrichis la question. Un mŽdecin peut-il nous parler de ce "coeur tchernobylien" qui, selon Galina Ackerman, concentrerait prŽrŽrentiellement le cŽsium en le prenant pour du potassium (similitude chimique ˆ confirmer) pour sa plus grande perte : le rayonnement bŽta vieillirait l'organe de faon accŽlŽrŽe et dŽgraderait rapidement ses performances' ? Que doit-on en penser ? RŽponse de Roland Masse : Bonjour Cher Ami, Bien qu'il faille tre toujours ouvert ˆ l'observation imprŽvue cette histoire de cardiomyopathie au CŽsium ne tient gure la vague. C'est une exclusivitŽ biŽlorusse. Elle n'est pas Žtablie par des faits cliniques et ŽpidŽmiologiques vŽrifiables. Rien de tel n'est observŽ - ni chez les volontaires contaminŽs ˆ des niveaux comparables (quelques centaines de Bq) pour l'Žvaluation de la toxicocinŽtique et de la dŽcorporation du Cs 137 par le bleu de Prusse, - ni chez les accidentŽs de Goiania (avec le mme recul et un suivi mŽdical sŽrieux) - ni chez les peuples du Nord de la Scandinavie (les Samis ou Lapons) suivis depuis les annŽes 60 aprs leur contamination chronique (de mme ampleur ou supŽrieure) due aux retombŽes des essais en atmosphre, ni chez les rŽsidents de la vallŽe de la Techa, lourdement contaminŽs par les dŽchets militaires et rŽgulirement recontaminŽs par les caprices du desschement du Karatchai. Rien de tel n'appara”t dans les Žtudes expŽrimentales qui se sont succŽdŽes depuis les annŽes 60, y compris chez les chiens beagle suivis leur vie durant ˆ Argonne et ˆ Lovelace (Albuquerque) jusque dans les annŽes 90. Par ailleurs le CŽsium 137 ne s'accumule pas dans le muscle cardiaque, il y en a moins que dans le muscle striŽ, le foie, la rate (Measurements of radiocesium incorporation in 250 deceased patients who died within a year following Chernobyl, Dam K et al , 1988, Wien Klin Wochenschr , 100, 193-197). Les doses dŽlivrŽes aux tissus sont extrmement faibles et les consŽquences qui en rŽsultent en termes de lŽsions molŽculaires dans le coeur (les protŽines, les ARN et l'ADN) conduisant au vieillissement ne reprŽsentent au mieux que de 1 dix millime ˆ 1 millionime de celles qui rŽsultent du mŽtabolisme cellulaire, que l'ŽlŽment soit dans la cellule ou ˆ l'extŽrieur ne change pratiquement rien ˆ la dosimŽtrie pour ce type d'Žmission. Concernant le remplacement ŽvoquŽ du potassium par le cŽsium il faut voir qu'on est dans le domaine de l'infinitŽsimal, alors que la quantitŽ du CŽsium stable chez l'homme est de l'ordre de 10 microgrammes, la part ajoutŽe par l'isotope 137 se situe dans la gamme du nanogramme (si je ne me suis pas plantŽ !), donc le Cs 137 remplace plus le Cs 133 que le potassium, il ne peut tre envisagŽ ici de toxicitŽ propre ˆ l'ŽlŽment sauf ˆ imaginer que ce n'est pas le cŽsium qui est toxique mais le Ba descendant, mais lˆ on est encore plus dans le domaine de l'infinitŽsimal. Je me demande s'il n'y a pas dans cet enttement ˆ revendiquer la cardiomyopathie du Cs 137 qui ˆ ma connaissance n'existe pas, une rŽmanence de lectures anciennes. Le cŽsium est effectivement un poison cardiaque, en fait un poison des canaux potassiques. L'intoxication au cŽsium (plusieurs grammes chez l'homme) est un modle expŽrimental bien connu pour provoquer des altŽrations du rythme cardiaque. Quelques observations ds 1920 ont Žtabli un r™le antitumoral du cŽsium et on a vu se dŽvelopper des mŽdecines parallles fondŽes sur ces observations ˆ la base de 'l'empoisonnement alcalin' des cellules tumorales. Il en est bien sžr rŽsultŽ des comportements ˆ risque qui ont appelŽ ˆ la vigilance sur la toxicitŽ cardiaque et neuromusculaire du cŽsium. Bref laissons cette cardiomyopathie spŽcifique aux GalinacŽs ! Bien cordialement,