L'ENERGIE NUCLEAIRE

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L'énergie nucléaire suscite chez le public des réactions souvent passionnées et rarement objectives. Cela provient en partie des puissances énormes dont est capable l'énergie nucléaire, de la frayeur de ne pouvoir toujours la maîtriser, et de préventions dont ont souvent été victimes les nouvelles technologies. Souvenons-nous des chemins de fer au 19ème siècle.

 

1. Quelles sont les principales caractéristiques de l'énergie nucléaire ?

- C'est une technologie jeune car le premier réacteur industriel fut mis en service en 1956, moins de 20 ans après la découverte de la fission. Il faut donc s'attendre à de grands développements comme ce fut le cas pour le charbon, la vapeur, l'automobile, les avions, etc...

- Avec l'énergie nucléaire on change de dimension en matière de puissance potentielle : un kilogramme de bois est capable de produire 2 kilowattheure, 1 litre de pétrole 6 kWh, mais un kg d'uranium naturel 50 000 kWh dans les réacteurs actuels, et 50 fois plus dans les réacteurs de l'avenir, dont Superphénix est un prototype.

- En conséquence, il est possible de produire de grandes quantités d'énergie d'une manière très compacte : une centrale de 1 million de KW (1 000 megawatts, MW) n'occupe que quelques hectares.

- Là où il faut 30 méthaniers par an ou 2 trains de charbon par jour pour une centrale de 1 000 MW, il suffit d’un camion par an de combustible uranium par an pour les centrales actuelles (20tonnes/an), et dix fois moins (seulement 2 tonnes/an) pour des réacteurs de type Superphénix.

- Le corollaire, c'est que le kWh fourni dépend très peu du coût du combustible. La croûte terrestre renferme de grandes quantités d’uranium naturel : en moyenne 3 g par de croute terrestre, ce qui constitute un potentiel énergétique immense. Il y a ainsi assez d'uranium disponible à bas prix pour alimenter les réacteurs actuels et futurs pendant des milliers d'années, voire dizaine de milliers d’années. L'énergie nucléaire participe donc du "développement durable" et permet d'économiser les ressources traditionnelles fossiles pour les réserver à des utilisations plus nobles (chimie, plastiques... en les recyclant autant que possible). Comme l'uranium est très répandu (à plus ou moins fortes concentrations) c'est un gage d'indépendance énergétique.

- Il est connu que l'énergie nucléaire "brûle" l'uranium en ne générant quasimment pas de CO2 ou autre gaz à effet de serre. Les 440 réacteurs nucléaires installés dans le monde économisent près de 3 milliards de tonnes de CO2 par an tout en fournissant 16-17 % de l'énergie électrique disponible. Chaque Allemand ou Danois génère par an environ 10 tonnes de CO2, un Français, 6,5 tonnes seulement, grâce à l’équipement nucléaire et hydraulique du pays.

Les avantages sont donc : puissance, compacité, indépendance énergétique à long terme, faible influence des variations de prix du combustible sur le prix du kilowattheure, pas d'effet de serre, bonne compétitivité et, nous allons le voir, grand propreté et grande sécurité.

 

2. Quels sont les inconvénients et les dangers de l'énergie nucléaire ?

On avance communément les problèmes des déchets, les dangers d'explosion et de contamination des populations, les dangers de prolifération, les dangers de la radioactivité, le fait que l'Homme n'est pas en mesure de maîtriser des énergies aussi gigantesques.

Les déchets nucléaires sont paradoxalement - contrairement à la croyance répandue - en faible quantité, bien conditionnés et protégés dans des sites peu nombreux, bien répertoriés et surveillés, et leur radioactivité décroît avec le temps, même si c'est parfois long, alors que bien des déchets chimiques au moins aussi toxiques restent éternellement dangereux.

 

Déchets en France :

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Déchets chimiques très toxiques ~2 000 000 tonnes/an Décharges classe. 1

Déchets nucléaires à vie courte ~ 50 000 tonnes/an Stockage en surface

Déchets nucléaires à vie longue, ~ 6 000 tonnes/an Stockage profond

dont : déchets à vie longue, très

radioactifs pendant ~1 000 ans,

faiblement actifs "alpha" ensuite ~300 tonnes /an Loi du 30/XII/91 (*)

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(*) Stockage souterrain ou en surface et/ou transmutation

 

La France, pays fortement nucléarisé, produit 40 fois moins de déchets nucléaires conditionnés que de déchets industriels très toxiques dont la durée de vie est bien plus longue pour une grande partie d'entre eux que celle des déchets nucléaires.

Les dangers relatifs aux accidents du type Tchernobyl sont excessivement réduits après la leçon tirée de cette catastrophe. Il s’agit plus d’un accident " soviétique " que d’un accident nucléaire. Il suffit de comparer l'accident similaire de Three Mile Island en 1979 aux USA qui n'a pas fait de mort, alors que dans un contexte "Tchernobylien" il aurait eu les conséquences de Tchernobyl. Ceci est dû au type de réacteur, au dessin du réacteur, aux sécurités redondantes du système et à l’enceinte de confinement qui entoure le réacteur. Il est facile, en prenant les mesures appropriés tant au niveau de la conception que de la construction et l’exploitation d’un réacteur nucléaire, grâce à des précautions élémentaires de limiter grandement la probabilité d’un accident, ainsi que ses conséquences si jamais cet accident venait à se produire.

Les dangers de prolifération de l'uranium très enrichi et du plutonium pour les transformer en explosifs nucléaires sont le fait d'actions volontaristes et d'officines militaires, et non de l'industrie civile, surveillée par l'Agence Internationale de l’Energie Atomaique (AIEA) de Vienne. L'uranium peu enrichi est incapable de produire des explosifs sans un enrichissement très difficile à mettre en œuvre, et le plutonium "civil" généré dans les réacteurs les plus courants (réacteurs à eau sous pression ou à eau bouillante) est inadapté à la fabrication d’armes de destruction massives. Par ailleurs, le saupoudrage de populations par des déchets radioactifs est une entreprise hasardeuse pour qui l'entreprend et, comme on a pu le voir, il est plus facile et moins coûteux d'utiliser des microbes ou des gaz toxiques.

Les dangers de la radioactivité : l'industrie nucléaire contribue à environ 1 % de la radioactivité naturelle moyenne reçue par le public en France (2,5 millisieverts/an), mais encore bien moins que celle reçue en d’autres points du globe qui peut être 100 fois celle reçue en France (100 à 500 mSv/an) sans conséquences apparentes pour les populations qui y sont soumises (certains endroits du Brésil, de l'Iran, etc...).

Les "normes" de protection pour les travailleurs ou la population sont environ 10 à 100 fois inférieures à des doses qui ne causeraient pas de troubles dans l'organisme. Ce dernier est bien équipé dans ses cellules pour réparer à chaque instant les milliards de dommages journaliers causés à l'ADN de nos gènes par toute agression (toxique, chimique, radioactive...). On entend parler de " linéarité " c’est-à-dire de proportionnalité entre dose et effet : ceci n’est vérifié qu’aux fortes doses : ce n'est qu'à partir de 100 à 200 millisieverts reçus en une fois, que l'effet des radiations peut être perçu en proportion avec la dose reçue.

A noter que les conséquences de Tchernobyl, en France, ne sont pas mesurables, malgré certaines allégations concernant notamment des cancers de la thyroïde. A noter que l’augmentation de tels cancers en Europe date d’avant Tchernobyl. En Biélorussie, Ukraine, Russie, indépendamment des morts brutales des premières semaines après l’accident, on déplore environ 2 000 cancers de la thyroïde sur les sujet qui étaient enfants en 1986, dont moins de 10 décès. Il n'y a pas d'excès de leucémies, ni d'autres cancers, ni de malformations, causées par l’accident de Tchernobyl, contrairement à l'idée répandue. Les "15 000 morts" chez les liquidateurs depuis l’accident correspondent à une mortalité parfaitement normale et naturelle sur un nombre important de personnes (environ 600 000 liquidateurs).

En résumé, les dangers réels ou supposés de l'énergie nucléaire ne sont pas nuls, bien sûr, mais ils sont très exagérés. Il faut les comparer et les mettre e perspective avec d’autres risques : les accidents de voiture (environ 8000 morts par an en France) ou le tabagisme (environ 60 000 morts par an en France, l’équivalent d’un crash d’avion chaque jour). D’ailleurs l'étude européenne ExternE conclut dans ce sens et donne la palme des moindres nuisances "externes" (sociales, médicales, accidentelles) à l'énergie nucléaire et à l'éolien.

 

3. Pourquoi l'énergie nucléaire est-elle appelée à jouer un grand rôle ?

- La population mondiale est amenée à croître de 6 milliards d'habitants en 2000 à environ 8 milliards en 2050, mais 25 % seulement aujourd'hui de gens " riches " consomment 75 % de toute l'énergie produite, et plus de 2 milliards d'habitants de la planète n'ont pas accès à l'énergie "commerciale".

- On estime que l'énergie totale dont le monde aura besoin en 2050 sera le double d'aujourd'hui mais que les besoins en électricité vont tripler du fait de la souplesse d'utilisation de ce type d'énergie. Ceci principalement du fait des pays en développement ou émergents.

- Malgré le développement utile et nécessaire des énergies renouvelables, souvent amenées à jouer un rôle primordial dans les pays émergents, ces dernières ne pourront pas - et de loin - suffire au développement et besoins massifs requis. Le pétrole et le gaz verront leurs réserves plafonner d'ici peu d'années et l'effet de serre limitera le recours au charbon. On entrera peut-être dans une "civilisation de l'hydrogène" pour les transports terrestres (piles à combustible) et le nucléaire sera appelé là aussi à fournir l'énergie nécessaire, ainsi que pour produire de l'eau douce, d'irrigation, contribuer à des synthèses chimiques, etc...

C'est ainsi que les experts estiment que l'énergie nucléaire pourra couvrir en 2050 environ 20 % des besoins en énergie totale (6,5 % aujourd'hui)

- Il est peu probable que l'énergie de fusion soit déjà en mesure de remplacer l'énergie dite "de fission" actuelle, vu les énormes mises au point encore nécessaires, et leur coût.

 

En conséquence :

Nous devons être heureux et rassurés d'avoir à notre disposition une énergie globalement plus propre et plus sûre que celle de nos aînés, comme le reconnaît le célèbre écologiste, James Lovelock, père de la théorie de Gaïa.

Nous avons devant nous de longues années d'utilisation de cette énergie au sujet de laquelle il est nécessaire de poursuivre les progrès en matière de coût, de propreté, de sécurité, comme nous l'avons fait dans d'autres domaines qui aujourd'hui nous sont familiers.

 

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